Sanctuarisons nos écoles !
L’omerta, c’est fini. Désormais professeurs et chefs d’établissement scolaire devront signaler systématiquement les multiples incivilités (le mot est faible) dont se rendent coupables collégiens et lycéens. Cela va de l’insulte, banale dans certains collèges, jusqu’aux menaces physiques dont il arrive que les enseignants soient victimes. Le but : que des sanctions adaptées soient immédiatement prises, que les désordres ne restent ni inconnus ni impunis. Les choses, en effet, sont devenues assez graves pour que trois ministres, le ministre de l’Intérieur, de l’Education et de la Justice aient présenté ensemble, hier, un plan de lutte contre la violence à l’école. Avec cette interrogation, grave, à la clef : faut-il, ou pas, souhaiter la présence des forces de l’ordre dans les écoles ? La simple proposition est, en elle-même, une vraie révolution : dirigeants et professeurs n’auraient jamais même envisagé, il y a quelques années, qu’on puisse en arriver là. On se souvient de la querelle sur les portiques, considérés comme des atteintes à la liberté des élèves ; des controverses sur le contrôle, donc l’ouverture des cartables à l’entrée, dénoncée par certains, professeurs ou non, comme insupportable, incompatible avec une école ouverte à tous. Le ministre de l’Intérieur, aujourd’hui, va plus loin : à certaines heures, à des moments de tension particulière, récréations ou cantines, la présence d’un gendarme ou d’un policier pourrait-elle être assez dissuasive pour empêcher des débordements ? Ce n’est pas sûr, évidemment, et beaucoup, parents d’élèves ou professeurs, soutiennent que le remède, provocant, serait pire que le mal. Pourtant, il est impossible de ne rien faire : qu’il s’agisse de policiers en faction ou de commandos mobiles, capables de se déplacer lorsqu’éclatent à l’intérieur des établissements des bagarres, il faut, en effet, se donner les moyens d’éradiquer la violence à l’école. Ah ! elle est bien loin, l’école publique, laïque, gratuite et obligatoire de Jules Ferry ! Elle a été le meilleur moyen d’intégration entre élèves riches et pauvres au début du XXe siècle. Aujourd’hui, au XXIe, c’est tout notre modèle éducatif qui est touché. Il faut lui donner les moyens de survivre.
« Beaucoup [de] parents d’élèves ou professeurs soutiennent que le remède, provocant, serait pire que le mal. »