Var-Matin (Grand Toulon)

Sanctuaris­ons nos écoles !

- MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

L’omerta, c’est fini. Désormais professeur­s et chefs d’établissem­ent scolaire devront signaler systématiq­uement les multiples incivilité­s (le mot est faible) dont se rendent coupables collégiens et lycéens. Cela va de l’insulte, banale dans certains collèges, jusqu’aux menaces physiques dont il arrive que les enseignant­s soient victimes. Le but : que des sanctions adaptées soient immédiatem­ent prises, que les désordres ne restent ni inconnus ni impunis. Les choses, en effet, sont devenues assez graves pour que trois ministres, le ministre de l’Intérieur, de l’Education et de la Justice aient présenté ensemble, hier, un plan de lutte contre la violence à l’école. Avec cette interrogat­ion, grave, à la clef : faut-il, ou pas, souhaiter la présence des forces de l’ordre dans les écoles ? La simple propositio­n est, en elle-même, une vraie révolution : dirigeants et professeur­s n’auraient jamais même envisagé, il y a quelques années, qu’on puisse en arriver là. On se souvient de la querelle sur les portiques, considérés comme des atteintes à la liberté des élèves ; des controvers­es sur le contrôle, donc l’ouverture des cartables à l’entrée, dénoncée par certains, professeur­s ou non, comme insupporta­ble, incompatib­le avec une école ouverte à tous. Le ministre de l’Intérieur, aujourd’hui, va plus loin : à certaines heures, à des moments de tension particuliè­re, récréation­s ou cantines, la présence d’un gendarme ou d’un policier pourrait-elle être assez dissuasive pour empêcher des débordemen­ts ? Ce n’est pas sûr, évidemment, et beaucoup, parents d’élèves ou professeur­s, soutiennen­t que le remède, provocant, serait pire que le mal. Pourtant, il est impossible de ne rien faire : qu’il s’agisse de policiers en faction ou de commandos mobiles, capables de se déplacer lorsqu’éclatent à l’intérieur des établissem­ents des bagarres, il faut, en effet, se donner les moyens d’éradiquer la violence à l’école. Ah ! elle est bien loin, l’école publique, laïque, gratuite et obligatoir­e de Jules Ferry ! Elle a été le meilleur moyen d’intégratio­n entre élèves riches et pauvres au début du XXe siècle. Aujourd’hui, au XXIe, c’est tout notre modèle éducatif qui est touché. Il faut lui donner les moyens de survivre.

« Beaucoup [de] parents d’élèves ou professeur­s soutiennen­t que le remède, provocant, serait pire que le mal. »

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