Var-Matin (Grand Toulon)

« J’ai encore très envie de ce métier » Recueilli par Ch. DEPIOT Photos : AFP / TF

- ‘‘ BIXENTE LIZARAZU, Mes prolongati­ons ’’  pages Seuil  euros

Il est arrivé, escorté de son éternel sourire juvénile. Look jean et blouson, le cheveu en bataille savamment négligé, tel l’ado qu’il n’a sans doute jamais cessé d’être en son for intérieur. Mine de rien, pourtant, ‘‘Liza’’ va bientôt surfer la vague de la cinquantai­ne !!! Impensable, non ? Car ce Vincent au prénom basque qui claque comme les rouleaux déferlent sur les plages de Saint-Jeande-Luz, ce Bixente donc, c’est encore dans l’esprit de beaucoup, celui des Girondins, du Bayern, de l’OM aussi et des Champs-Elysées triomphant­s avec la Coupe du monde  à bout de bras. Mais le (petit) bonhomme a fait son chemin depuis. En lisière du rectangle vert où se pressent radios, télés et journaux. Trois types de médias dont il coiffe avec talent sinon autorité, les casquettes. TF, RTL et L’Equipe : même dans la coursive, ‘‘Liza’’ est resté en première division ! Et le voici qui vient de pondre un deuxième bouquin, sobrement intitulé : ‘‘Bixente Lizarazu, mes prolongati­ons’’. L’occasion était belle, lors de son passage au Sportel de Monaco, de savoir de quel bois littéraire il se chauffe. Bixente, quel bon vent vous amène au Sportel ? On me remet le Prix de l’Autobiogra­phie , pour le livre, ‘‘Mes Prolongati­ons’’. Ce bouquin, c’est une commande d’éditeur ou une idée à ‘‘Liza’’ ? Non, c’est ni l’un ni l’autre en fait, ça fait au moins cinq ou six fois qu’on me propose d’écrire un deuxième livre, car j’en ai déjà écrit un premier quand j’ai arrêté ma carrière de footballeu­r (‘‘Lizarazu. Bixente ’’, paru en , Ndlr). Depuis, à chaque fois, je repoussais l’échéance. Je pensais qu’au bout de trois ou quatre ans, c’était trop tôt. Et là, grosso modo, on a dépassé la barre des dix ans de reconversi­on, j’ai pensé que c’était le bon moment de le faire. Parce qu’on ne fait pas un livre quand on n’a rien à dire... Même si je n’ai pas l’impression d’être un écrivain. Quest-ce que vous aviez envie de raconter ? Par exemple, de parler de ce qu’on appelle la ‘‘petite mort’’, quand la carrière s’arrête net, mais que moi j’ai vécu comme une renaissanc­e. Comme une liberté que je n’avais plus. C’est quelque chose d’assez terrible de mettre un terme à une carrière de footballeu­r profession­nel. Moi j’ai vécu ça comme la chance de pouvoir faire autre chose. D’être le capitaine de mon bateau. Vous aviez déjà d’autres centres d’intérêt avec le surf, non ? Oui mais il n’y a pas que ça, car ça, ce sont des activités sportives, avec la passion du voyage. Mais j’avais décidé de travailler dans les médias, c’est un métier qui me plaît. Et vous multipliez les casquettes en plus... Oui, donc je ne suis jamais lassé, en passant de la télé à la radio puis à la presse écrite. Je fais en sorte de ne pas être omniprésen­t non plus, pour aller chercher une fraîcheur permanente et ne pas être dans la machine tout le temps... Car c’est une ‘‘machine infernale’’ quand même. Je vais m’isoler un peu pour garder, on va dire, la passion et l’envie. Ça fait douze ans que je fais ça et j’ai encore très envie. Bixente, on lit votre chronique dans L’Equipe : c’est vous qui écrivez réellement où vous vous faites aider ? Pareil pour votre livre, c’est du pur Liza dans le texte ? (contrarié) On va dire que ça se fait en binôme. Mais je tiens à préciser que ça se fait avec ma présence, mon omniprésen­ce... En fait, la structure se fait à deux et après, la finition elle se fait seule, si je dois être plus clair. Etes-vous un gros lecteur, de romans, de livres en tous genres ou pas du tout ? Non, je ne suis pas un gros lecteur. Je suis un lecteur assidû de l’actualité, à tort ou à raison, mais pas spécialeme­nt de romans. Mais là, c’est pas un roman que j’ai écrit (rires) ! Vous trouvez qu’on parle trop de foot aujourd’hui ? Je ne vais pas m’en plaindre, c’est mon métier. Et grâce au foot, tu fais une seconde vie. Car soit tu peux être entraîneur, soit tu fais ce job de consultant. Vous auriez aimé entraîner ? Non. J’en parle dans ce livre, il y a un chapitre entier où je l’explique. Consultant, c’est un vrai métier ou plutôt une activité que l’on peut faire en dilettante ? (contrarié) Et journalist­e, c’est un vrai métier ? Ben, c’est pareil ! Quand on fait les chroniques, quand on fait le conducteur d’une émission comme le Club Liza sur RTL, quand on fait l’édito dans Téléfoot, qu’on commente des matchs, on se prépare à ça. Parce qu’il y a du monde qui écoute et, tant qu’à faire, éviter de dire des conneries. Vous fonctionne­z comment en réalité ? Comme les journalist­es, je m’informe, je prends des notes, que j’ai en tête pour les commentair­es. Vous vous imposez des limites à ne pas franchir ? Les limites, c’est le respect. Pour dire des choses, il faut trouver la forme mais le respect doit toujours être présent. Maintenant que vous êtes de l’autre côté du terrain, vous mesurez la difficulté de travailler dans le foot ? Bien sûr. C’est plus difficile qu’au début de ma carrière. A l’époque, on pouvait presque rentrer dans le vestiaire. Au Bayern, quand j’y étais, ça m’arrivait fréquemmen­t d’aller manger avec le journalist­e français qui venait me voir. Aujourd’hui, c’est un peu plus dur, c’est dommage. La machine médiatique est attirée par les extrêmes et du coup, les joueurs sont très prudents... Ils ont plus la trouille en fait. Votre milieu est quand même très autocentré et accepte mal la critique. Vous êtes d’accord avec ça ? Je ne trouve pas, pas plus qu’un autre milieu. Non, la différence fondamenta­le c’est que la puissance médiatique est énorme dans le foot, la concurrenc­e aussi, il y a des émissions où ça envoie de plus en plus... Si on doit parler d’ego, pardonnez-moi, mais l’ego d’un footballeu­r est pas plus important que celui d’un journalist­e. On doit dire quand un match n’a pas été bon, mais ça dépend de la façon de le dire. Après, dire qu’un joueur de foot est une ‘‘pipe’’ absolue, je trouve que là, on dépasse les bornes... Ça dépend où on met le curseur et la façon dont la personne le perçoit. Comment jugez-vous ce que fait ‘‘Duga’’, par exemple sur RMC ? (ferme) J’ai pas à juger ! Je ne juge pas ce que font mes potes, ni les autres consultant­s... Un mot sur Grégoire ” Margotton, avec qui vous commentez surTF? Un super partenaire. On s’entend très bien, on s’est régalés pendant la Coupe du monde, notamment le match contre l’Argentine. Le commentair­e en France, c’est toujours en duo, et le duo, c’est comme sur le terrain. C’est important de se faire les bonnes passes !

‘‘ Il y a des émissions où ça envoie de plus en plus... Dire d’un footballeu­r que c’est une ‘‘pipe’’ absolue, ça dépasse les bornes ” ‘‘ Moi, j’ai vécu l’arrêt de ma carrière comme une renaissanc­e ’’ ‘‘ On doit dire quand un match n’a pas été bon

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