Var-Matin (Grand Toulon)

Une journée

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Difficile d’imaginer la journée d’un maire d’une petite commune. À Châteaudou­ble, Georges Rouvier, élu depuis 2001, a accepté qu’on le suive dans cet exercice du pouvoir municipal. Un pouvoir fait de multiples devoirs... C’était le mercredi 17 octobre. Ce jour-là devait commencer par une réunion à 9 h 30 avec le nouveau sous-préfet de Draguignan. Mais l’actualité (pollution aux hydrocarbu­res sur les plages du Golfe de Saint-Tropez et préparatio­n de la venue de la ministre de la Justice le lendemain) a contraint M. de Wispelaere à annuler sa visite et à en informer le maire la veille au soir. Georges Rouvier habite la maison située derrière l’hôtel de ville. Pratique ! Lorsqu’il y arrive, il fait la bise à Karine Vérinas et Flavie Coulomb. Les deux secrétaire­s sont polyvalent­es. Elles traitent un peu tout : l’état civil, les arrêtés municipaux, les réservatio­ns de salles, les permis de construire instruits ensuite par la communauté d’agglomérat­ion dracénoise (CAD), les Pacs, les inscriptio­ns dans les écoles… Au rez-de-chaussée l’accueil d’un côté, le bureau de poste communal de l’autre. « C’est un service de proximité qu’on rend aux gens. Ici, on a aussi des permanence­s de l’assistante sociale du départemen­t », indiquent les employées municipale­s, qui ont des contrats de 28 et 29 heures, la mairie n’est ouverte que le matin. «On fait aussi office de tourisme quand des vacanciers viennent nous demander une informatio­n. Et quand les administré­s appellent, on prend les messages et on transmet au maire qui gère son agenda », soulignent­elles.

Tous les jours, de jour comme de nuit

Celui-ci ne tient pas de permanence fixe. « Beaucoup ont mon numéro et m’appellent directemen­t. Parfois même la nuit lorsqu’il n’y a pas de réseau Internet ou d’électricit­é », complète Georges Rouvier. Comme partout, outre les questions importante­s, il y a les râleurs, les conflits de voisinage à régler, les situations sensibles… Le maire est devenu l’interlocut­eur le plus proche, digne de confiance. Alors, il fait office de réceptacle de toutes les frustratio­ns et demandes d’aide, même si elles ne sont pas de son ressort. 9 h 55, Camille, une jeune Casteldoub­laine, se présente à l’accueil pour informer qu’elle va faire un stage à l’école maternelle et à la garderie du village, dans le cadre de son CAP petite enfance. « C’est bien pour elle, elle va apprendre beaucoup de choses et elle nous rend service», commente l’élu. Juste après, c’est une employée municipale, qui arrive et lui demande : «Je peux te voir, c’est perso ». Dans ce village de 487 habitants, dont 120 sur le hameau de Rebouillon, tout le monde se connaît et se tutoie. Le maire lui demande quelques instants avant de la recevoir. Le temps pour lui de nous amener au premier étage dans le bureau d’Anne Debon, secrétaire générale. Elle lui a préparé les documents à signer, trié le courrier par ordre d’importance, imprimé les mails... « Notre maire n’est pas du tout sur Internet. Je lui imprime les pièces jointes, des contrats de 200 pages, des circulaire­s, il faut qu’il puisse les emporter pour les lire. On travaille beaucoup à distance. Quand j’ai besoin d’une réponse immédiate, on communique par SMS. » Les dernières semaines ont braqué les projecteur­s sur Châteaudou­ble, en raison de l’ouverture par l’État, d’un centre d’accueil et d’orientatio­n (CAO) pour les réfugiés. «On a subi la pression médiatique. C’est une décision de l’État, mais nous, on a reçu des insultes par mail, des trucs horribles, pendant trois semaines, confie Anne Dubon. Cette période n’était pas facile. Le maire a morflé, ça a dû être très difficile pour lui ». Son rendez-vous imprévu terminé, Georges Rouvier se rend avec Jean-Jacques Achille, architecte que la commune emploie en partage avec la CAD, sur le chantier de réhabilita­tion du vieux moulin. « La commune a acheté ce bâtiment en 2008 à une Casteldoub­laine, précise le premier magistrat. C’est important que ça reste dans notre patrimoine. On va en faire une salle polyvalent­e, bien placée au village. » Le coût des travaux s’élève à 180 000 euros. « Le financemen­t devient de plus en plus difficile », commente-t-il sobrement. Comme bien d’autres, Châteaudou­ble subit la baisse des dotations de l’État, soit 50 % de moins sur les cinq dernières années. Malgré les difficulté­s financière­s, le premier magistrat veut poursuivre sa politique d’acquisitio­ns foncières. « J’ai vu sur le Bon coin que la maison voisine de l’école élémentair­e était à vendre. Le propriétai­re a joué le jeu. On va pouvoir réunir maternelle et primaire et peut-être créer une troisième classe plus tard. Dans l’ancienne école maternelle, sur deux niveaux, on pourrait faire du commerce et du logement ». Et oui, le maire s’improvise aussi agent immobilier pour la bonne cause. La commune investit dans l’habitat. Elle dispose actuelleme­nt de dix-sept appartemen­ts dont quatorze sont loués actuelleme­nt, pour environ 8 000 euros par mois de loyers. « Ça nous fait des revenus et ça maintient de la population au village », précise-t-il. Un autre investisse­ment a été fait dans un terrain de deux hectares, près de la chapelle Sainte-Anne, pour créer un théâtre de verdure. Il s’y rend avec Jean-Jacques Achille : « On veut aussi sauver la chapelle Saint-Pierre. On va lancer un concours, ça ferait un tout dans ce secteur », glisse-t-il. Avec l’architecte, il fait le tour du propriétai­re, évoque tous ces projets, mais aussi les travaux d’entre-

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