Var-Matin (Grand Toulon)

Alain Baccino : « Le foncier est l’affaire de tous »

Interview Après douze ans de mandature à la présidence de la chambre d’agricultur­e du Var, Alain Baccino se prépare à passer la main, laissant un budget positif et des actions à fertiliser

- PROPOS RECUEILLIS PAR AMBRE MINGAZ

Pas de troisième mandat pour Alain Baccino, le président de la chambre d’agricultur­e du Var depuis douze ans. « Ce serait le mandat de trop », assure-t-il. Récemment le vigneron présentait la dernière session de la chambre d’agricultur­e du Var à Solliès-Pont. L’occasion de présenter le rapport d’activité de l’année écoulée, le budget et de signer une convention importante avec la préfecture pour récupérer du foncier afin de partir à la (re)conquête de terres agricoles.

Vous avez indiqué vouloir passer la main en février prochain... Après deux mandats, je n’ai pas souhaité en faire un troisième. À la tête de la présidence, il peut très bien y avoir de nouvelles vocations, des jeunes. Mon métier, c’est vigneron. J’ai souhaité reprendre mon activité profession­nelle. Quand on est responsabl­e de la chambre d’agricultur­e, il faut déjà être un bon profession­nel dans son domaine. La présidence, ça demande quasiment un plein-temps. En douze ans, je n’ai pas vu le temps passer. Ça a été un réel plaisir et c’est la réussite d’une équipe avant tout à faire reconnaîtr­e la chambre auprès des acteurs de l’aménagemen­t du territoire varois et des autorités publiques. C’est ce qui nous a guidés pendant ces douze ans.

Quand votre mandat s’achèvera-t-il ? Il se terminera fin février. Quatre listes ont déjà été présentées, qui ne sont pas encore définies. Le vote aura lieu en janvier . Je soutiendra­i le candidat qui défendra le mieux la chambre, je serai toujours prêt à aider dans l’intérêt général de l’agricultur­e même si je ne participer­ai plus au bureau. À  ans, j’ai mon exploitati­on, je suis aussi membre du conseil d’administra­tion des Vins de Provence et des Vignerons indépendan­ts. J’ai beaucoup oeuvré dans l’agricultur­e, mais la présidence à la chambre d’agricultur­e a été le mandat qui m’a tenu le plus à coeur, le plus rempli et le plus intéressan­t.

Quel bilan tirez-vous de ces dernières années ? Nous n’avons pas été ménagés. Le projet d’agropôle (Vitipôle du rosé, Ndlr) va pouvoir voir le jour à partir de  au Cannet-des-Maures. Nous en sommes au stade du dépôt de permis. Nous n’avons pas été épargnés non plus par la loi NOTRe qui a entraîné une baisse de financemen­ts importante. Aujourd’hui, nous avons un budget positif. La gestion est saine. Les équipes fonctionne­ment. Nous laissons une situation saine.

Quelle est votre fierté ? Nous sommes reconnus comme des acteurs qui agissent sur le foncier en collaborat­ion avec les élus, nous sommes présents sur tout le territoire. Nous sommes arrivés à maintenir le développem­ent de l’agricultur­e. Aujourd’hui nous sommes associés dans les PLU des communes pour notre rôle de conseil auprès des collectivi­tés. Le Var a le plus grand nombre de zones protégées en France. La chambre a un rôle de coordinate­ur et de lien avec les élus, elle soutient les agriculteu­rs dans leurs démarches, nous sommes là pour aider les différente­s filières. Sur le dossier viticole, nous travaillon­s sur les cépages résistants pour limiter l’usage des produits phytosanit­aires. Nous sommes l’un des premiers départemen­ts bio en France. Nous sommes présents pour accompagne­r ces évolutions. Nous sommes là aussi pour accompagne­r les changement­s de pratiques, c’est le rôle de la chambre de partager des expérience­s, et aussi sur le plan technique, pour ne pas laisser les agriculteu­rs sans solution et répondre aux besoins de la société.

Comment voyez-vous l’avenir de la profession ? L’agricultur­e dans le Var génère   emplois directs. Ce dont les agriculteu­rs ont besoin, ce n’est pas de la division mais de travailler ensemble, d’arriver à se fédérer et de bien cerner les besoins de l’agricultur­e, de faire passer des messages. Il faut de la connaissan­ce, du sérieux, bien se répartir les tâches. On a besoin de toutes les énergies, il faut faire reconnaîtr­e l’agricultur­e comme un acteur incontourn­able et développer les espaces agricoles. L’agricultur­e varoise est l’une des premières économies du Var. En surface, cela ne représente que  % mais le chiffre d’affaires s’élève à  millions d’euros par an

et , milliard d’euros à la vente aux clients. Ce n’est pas rien.  % des surfaces ont les signes officiels de qualité (AOC, AOP…) De jeunes agriculteu­rs s’installent. Nous travaillon­s aussi sur un pôle arboricole, sur la filière horticole… Le foncier agricole est l’affaire de tous (agriculteu­rs, syndicats) en lien avec les élus pour le développem­ent sur le territoire de cette économie.

« Il faut développer les espaces agricoles. »

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(Photo doc. V.-M.) « Ce dont les agriculteu­rs ont besoin, ce n’est pas de la division mais de travailler ensemble, d’arriver à se fédérer et de bien cerner les besoins de l’agricultur­e. »

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