Var-Matin (Grand Toulon)

« En novembre 2018 comme en mai 68, il y a un ras-le-bol généralisé »

- PROPOS RECUEILLIS PAR LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Alain Krivine, un des leaders de mai  et ancien dirigeant de la Ligue communiste révolution­naire (LCR), était à Nice hier soir à l’invitation du Nouveau parti anticapita­liste (NPA) pour un débat intitulé : « - –  fois plus de raisons de se révolter ».

Mai - Novembre , deux colères. Ont-elles le même terreau ? Il y a un point commun essentiel: le ras-le-bol généralisé. En , on criait : « Dix ans de gaullisme, ça suffit ! » Aujourd’hui, on crie : « Un an, de Macronisme, ça suffit ! »Le deuxième point commun, c’est la remise en cause de l’État, de la société et, sans le dire, du capitalism­e, hormis par une minorité d’extrême droite. Mais il y a des différence­s : le mouvement des Gilets jaunes touche plus la Province que les grandes villes. Deuxième différence : , c’était le début du début de la crise du parti communiste (PC) et des syndicats. Aujourd’hui, ils ne sont plus crédibles du tout même s’ils s’efforcent de canaliser, sur le plan institutio­nnel, un mouvement extra-institutio­nnel. Enfin, dernière différence, ce mouvement est plus violent.

Mai  n’était pourtant une révolution en charentais­es. Il y a eu les pavés, les barricades, les heurts… Oui, mais c’était moins violent. Mais j’excuse plus ou moins la violence de samedi dernier même si ce n’est pas ma tasse de thé. C’est une réponse. La violence essentiell­e vient de la police. Et, puis, la violence du gouverneme­nt, si elle est moins visible, est bien pire que celle des Gilets jaunes. En mai , le mouvement s’est structuré rapidement. Là, c’est plus compliqué. Peut-on remporter une victoire en étant désorganis­és ? Les Gilets jaunes n’ont pas de direction. Il y en avait une en mai . Aujourd’hui, il n’y a plus rien. Je préfère ne pas faire de pronostic face à un tel déchaîneme­nt….

Jusqu’où peut aller le mouvement des Gilets jaunes ? Jusqu’à la remise en cause de Macron. Les déclaratio­ns d’Édouard Philippe aujourd’hui [hier,Ndlr] passent mal. Elles ne répondent pas au problème. Ce que propose l’exécutif, c’est un délai pour abroger éventuelle­ment les taxes fausses. Ce sont de fausses solutions à un mécontente­ment réel.

En , peut changer le monde? Créer une société plus juste, plus égalitaire ? Je l’espère. Beaucoup de gens aussi mais ils n’y croient pas trop.

Les Gilets jaunes sont-ils en d’écrire la société de demain ? Il faut des porte-parole sinon il n’y aura pas de débat avec le gouverneme­nt. Aujourd’hui, il y a un débat avec une partie de la population mais cela ne suffit pas. Les Gilets jaunes, c’est une révolte qui remet tout en cause…

Vous avez une des figures de Mai,  ans plus tard, vous êtes un Gilet jaune ? Globalemen­t mais inconditio­nnellement. Pour moi, il faut un porte-parole et un programme à ce mouvement.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France