À Fréjus, aux yeux des manifestants, «le gouvernement n’a rien compris»
« Une réaction sur ce que vient de déclarer le Premier ministre?» Installés à l’entrée du péage de Fréjus, au rondpoint du Gargalon, Djannina et Alain soufflent, agacés. Auto-entrepreneuse et retraité – Gilets jaunes depuis le début – ils pestent de plus belle contre le gouvernement : « En plus d’avoir un train de retard, il n’a rien compris. La hausse de la taxe carbone n’est qu’une goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Or, ce que nous voulons, c’est qu’on arrête d’étrangler le citoyen avec toutes ces taxes. Que tout soit réévalué, en faveur de plus d’égalité. Et non plus pour privilégier des élus inutiles, qui roupillent au Sénat, à l’Assemblée nationale et ne connaissent même pas le montant du Smic ! »
« Le peuple est escroqué dans ce système véreux »
Porteur d’un gilet jaune, un homme intervient et lance sans détour : « Nous ne demandons pas des moratoires. Nous voulons que ce gouvernement, qui ne représente que lui-même, dégage. Et que le peuple soit enfin représenté, pour de bon. » Un collègue prend le relais : « En tant qu’entrepreneur, je suis taxé à 50%. Je travaille six mois de l’année pour l’État, pendant que les multinationales s’en mettent plein les poches. Car il ne faut pas se leurrer, ce sont elles et les banques qui tiennent le pouvoir. Il faut en finir avec ce système véreux, dans lequel le peuple est purement et simplement escroqué. » Un peu plus loin, Solange et Jean-Nicolas se montrent, eux aussi, sans appel : « Ces élus sont formés à la communication. À les entendre, ils enferment les manifestants dans des revendications essentiellement matérielles. Mais la réalité est bien plus profonde. Les gens n’ont plus confiance en rien et la société se fragmente au fil des gouvernements. La France n’est pas gouvernée, elle est administrée. Toutes sortes de décisions sont prises sans l’accord du peuple depuis tant d’années… Et aujourd’hui, ce gouvernement arrive en bout de chaîne. La France est notre maison, celle de nos pères et de nos enfants. Il est logique que ce soit à nous de décider de notre avenir ! Quand un peuple est bafoué, l’insurrection est un devoir. Pour autant, s’attaquer aux personnes et à leurs biens est inacceptable. Mais il ne faut pas oublier que l’État est le premier responsable de toutes ces divisions. » Désormais, comment les Gilets jaunes envisagent-ils la suite ? Désignant le sapin de Noël installé sur le rond-point, tous déclarent avec détermination : «On est dans la rue et on y restera. Jusqu’à Pâques, et au-delà, s’il le faut ! »