Var-Matin (Grand Toulon)

La deuxième ville du Var a la gueule de bois

Après les violentes échauffour­ées de la veille du côté de Berthe, s’est réveillée meurtrie. Avec une route d’accès à la ville libérée, mais un port de commerce toujours bloqué

- MA.D. mdalaine@nicematin.fr

La Seyne

Ah, la joyeuse atmosphère des fêtes de fin d’année… Devant le rond-point Georges-Bauche, c’est un castor illuminé de 4 mètres de haut qui était censé symboliser la magie de Noël. Il a été incendié dans la nuit de lundi à mardi aux abords de la cité Berthe. Hier matin, son «cadavre» calciné avait disparu, tout comme celui de la voiture incendiée sur l’avenue Lamarque. Mais sur la chaussée encore fumante, partout des restes des affronteme­nts entre jeunes et forces de l’ordre. Une forte odeur de cramé dans l’air et des têtes basses et craintives, comme si la vie avait un peu plus de mal que d’habitude à reprendre son cours.

Plus personne devant Langevin

Il faut dire que les stigmates de la veille ne s’arrêtaient pas à des cendres ou du bitume fondu. Devant Auchan, les commerçant­s vandalisés tentaient tant bien que mal de panser les plaies, béantes, de leurs restaurant­s dévastés par la furie (voir de jeunes émeutiers par ailleurs). Et de nouvelles précaution­s étaient prises pour accèder à la galerie : une seule entrée ouverte et un filtrage des mineurs non accompagné­s. Dans les rayons, où les difficulté­s d’approvisio­nnement commencent à se faire sentir, rares étaient les clients à déambuler. « Certains ont peur. Et ce qui se passe depuis que le mouvement des gilets jaunes a démarré est irremplaça­ble économique­ment », soupirait Roger Soriano, directeur de l’hypermarch­é. «Le pire, c’est qu’un tiers de nos fournisseu­rs sont des PME, certaines très fragiles… » Devant le lycée Langevin, ouvert mais vidé de la plupart de ses pensionnai­res, le proviseur Pierre Ribot luimême veillait au grain : « On accueille tout le monde, mais il n’y a presque personne… » Là encore, des restes des barricades mais plus l’ombre d’un jeune en colère ; les parents ayant souvent préfèré éviter de faire courir le moindre risque à leur progénitur­e. «Les durs sont à Toulon», croyait savoir l’un des rares ados sur place. Un autre était persuadé que les casseurs allaient revenir en découdre avec les forces de police. Quand la rumeur du web coure plus vite encore que les manifestan­ts… Une chose est sure, la police reste sur le qui-vive et plus que jamais « branchée » aux réseaux sociaux. Habituelle­ment embouteill­é, le port est aussi resté largement vidé de sa circulatio­n, comme anesthésié par ce climat post-insurrécti­onnel. Ce n’est qu’en début de soirée que les dockers, arrivés à un compromis avec les Gilets jaunes au bout de discussion­s tendues, ont finalement décidé de débloquer le rond-point de la pyro et le carrefour du 8-mai-1945, occupés jusqu’alors par des blocs de béton, des containers et des tas de sable (voir par ailleurs). Avant cela, les embouteill­ages étaient la norme pour entrer et sortir de la ville, atteignant plusieurs kilomètres par endroit. Congestion toujours : il semble que les pompistes de la commune soient désormais rares à proposer encore de l’essence. Hier midi, toujours au carrefour dit des «4 stations», l’énervement a ainsi gagné une file de voitures et leurs conducteur­s en attente d’un ravitaille­ment. A noter enfin que du côté de Beaussier, les lycéens bloquent toujours leur établissem­ent. Mais les jeunes regrettent qu’on ne s’occupe pas assez d’eux. Trop calmes sans doute…

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(Photos Valérie Le Parc) Hier, les stigmates des violences de lundi étaient visibles un peu partout.

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