On vit une époque formidable
Dans l’actualité teintée de jaune de ces derniers jours, séparer le bon grain de l’ivraie devient franchement ardu. Comme si, à la faveur d’une crise inédite, infos sérieuses, fake-news et articles parodiques s’enchevêtraient dans un joyeux méli-mélo. Florilège.
Les rois de l’impro. C’était le novembre. Quelques jours avant l’acte I des « gilets jaunes », le Premier ministre annonçait une première série de dispositions susceptibles, pensait-il, d’apaiser cette colère nouvelle. Extension du chèque énergie, relèvement de la prime kilométrique, doublement de la prime à la conversion pour les gros rouleurs : ces mesures sont passées à la trappe hier...pendant trois heures. Estimant que ces « cadeaux » évalués à millions d’euros ne s’imposaient plus en raison de l’annulation de la hausse des taxes sur les carburants, le gouvernement annonçait dans un premier temps y renoncer, vers h, avant de se raviser quelques heures plus tard en raison de l’incompréhension suscitée par cette décision. Conséquence de cette incroyable improvisation : il faudra aller chercher les millions ailleurs.
La gratuité, ça ne paye plus. Comment se mettre à dos tout le monde pour pas cher ? Vinci Autoroutes a trouvé. En annonçant son intention d’envoyer la facture aux automobilistes qui ont franchi les barrières de péage levées (ou enlevées) lors des manifestations des « gilets jaunes », Vinci a provoqué un tollé général, jusqu’à se voir contrainte de revenir sur sa décision hier soir. Désastreux pour une société d’autoroutes qui restera une des grandes perdantes de cette crise, financièrement comme en terme d’image.
Sarkozy envoyé spécial de Macron. S’il y en a un qui boit du petit lait, c’est bien lui. Très discret ces dernières semaines, à l’inverse d’un François Hollande pousse-au-crime et très vite accusé de récupération, Nicolas Sarkozy a été sollicité au plus fort de la crise par Emmanuel Macron qui l’a invité à déjeuner le décembre. Écoutant ses sages conseils, notamment concernant le retour des heures sup défiscalisées, le Président a remis l’« ex » au centre du jeu. Preuve de ce retour en grâce : Emmanuel Macron a chargé hier Nicolas Sarkozy de le représenter dimanche lors de l’investiture de la nouvelle présidente géorgienne. Pendant ce temps, François Hollande choisit les rideaux de la maison qu’il vient d’acheter à Tulle...
Des élus trop intelligents et trop subtils. On ne peut pas reprocher au tout nouveau patron des députés La République en marche de trop manier la langue de bois. Dans un hallucinant élan de sincérité (ou de maladresse, rayez la mention inutile), Gilles Le Gendre a expliqué avec le plus grand sérieux dans Territoires d’Infos sur Public Sénat lundi que les élus de la majorité avaient été « probablement trop intelligents, trop subtils, trop techniques dans les mesures de pouvoir d’achat ». Une citation digne du Gorafi.
Le vrai scoop du Gorafi sur Benalla. Incroyable, mais vrai ! Dans l’un des articles parodiques dont il a le secret, le site du Gorafi - encore lui - avait affirmé en septembre, au moment de son audition par la commission d’enquête du Sénat qu’Alexandre Benalla avait expliqué avoir « demandé un permis de port d’arme pour un pistolet à eau ». C’est cette explication que l’ex-collaborateur de l’Elysée a fourni, pour de vrai, aux juges d’instruction pour justifier le selfie pris avec une arme dans un restaurant de Poitiers lors de la campagne présidentielle. Quand la fiction précède la réalité...