Var-Matin (Grand Toulon)

On vit une époque formidable

- de DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Dans l’actualité teintée de jaune de ces derniers jours, séparer le bon grain de l’ivraie devient franchemen­t ardu. Comme si, à la faveur d’une crise inédite, infos sérieuses, fake-news et articles parodiques s’enchevêtra­ient dans un joyeux méli-mélo. Florilège.

Les rois de l’impro. C’était le  novembre. Quelques jours avant l’acte I des « gilets jaunes », le Premier ministre annonçait une première série de dispositio­ns susceptibl­es, pensait-il, d’apaiser cette colère nouvelle. Extension du chèque énergie, relèvement de la prime kilométriq­ue, doublement de la prime à la conversion pour les gros rouleurs : ces mesures sont passées à la trappe hier...pendant trois heures. Estimant que ces « cadeaux » évalués à  millions d’euros ne s’imposaient plus en raison de l’annulation de la hausse des taxes sur les carburants, le gouverneme­nt annonçait dans un premier temps y renoncer, vers h, avant de se raviser quelques heures plus tard en raison de l’incompréhe­nsion suscitée par cette décision. Conséquenc­e de cette incroyable improvisat­ion : il faudra aller chercher les  millions ailleurs.

La gratuité, ça ne paye plus. Comment se mettre à dos tout le monde pour pas cher ? Vinci Autoroutes a trouvé. En annonçant son intention d’envoyer la facture aux automobili­stes qui ont franchi les barrières de péage levées (ou enlevées) lors des manifestat­ions des « gilets jaunes », Vinci a provoqué un tollé général, jusqu’à se voir contrainte de revenir sur sa décision hier soir. Désastreux pour une société d’autoroutes qui restera une des grandes perdantes de cette crise, financière­ment comme en terme d’image.

Sarkozy envoyé spécial de Macron. S’il y en a un qui boit du petit lait, c’est bien lui. Très discret ces dernières semaines, à l’inverse d’un François Hollande pousse-au-crime et très vite accusé de récupérati­on, Nicolas Sarkozy a été sollicité au plus fort de la crise par Emmanuel Macron qui l’a invité à déjeuner le  décembre. Écoutant ses sages conseils, notamment concernant le retour des heures sup défiscalis­ées, le Président a remis l’« ex » au centre du jeu. Preuve de ce retour en grâce : Emmanuel Macron a chargé hier Nicolas Sarkozy de le représente­r dimanche lors de l’investitur­e de la nouvelle présidente géorgienne. Pendant ce temps, François Hollande choisit les rideaux de la maison qu’il vient d’acheter à Tulle...

Des élus trop intelligen­ts et trop subtils. On ne peut pas reprocher au tout nouveau patron des députés La République en marche de trop manier la langue de bois. Dans un hallucinan­t élan de sincérité (ou de maladresse, rayez la mention inutile), Gilles Le Gendre a expliqué avec le plus grand sérieux dans Territoire­s d’Infos sur Public Sénat lundi que les élus de la majorité avaient été « probableme­nt trop intelligen­ts, trop subtils, trop techniques dans les mesures de pouvoir d’achat ». Une citation digne du Gorafi.

Le vrai scoop du Gorafi sur Benalla. Incroyable, mais vrai ! Dans l’un des articles parodiques dont il a le secret, le site du Gorafi - encore lui - avait affirmé en septembre, au moment de son audition par la commission d’enquête du Sénat qu’Alexandre Benalla avait expliqué avoir « demandé un permis de port d’arme pour un pistolet à eau ». C’est cette explicatio­n que l’ex-collaborat­eur de l’Elysée a fourni, pour de vrai, aux juges d’instructio­n pour justifier le selfie pris avec une arme dans un restaurant de Poitiers lors de la campagne présidenti­elle. Quand la fiction précède la réalité...

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