Var-Matin (Grand Toulon)

Le gouverneme­nt détaille sa loi «d’urgence sociale»

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Après quelques jours de cafouillag­e, pour le moins, le gouverneme­nt s’est efforcé, hier, de mettre un peu d’ordre et de lisibilité dans les mesures sociales lâchées sous la pression des « gilets jaunes ». En Conseil des ministres, la ministre des Solidarité­s et de la Santé, Agnès Buzyn, et celle du Travail, Muriel Pénicaud, ont détaillé le projet de loi regroupant ces mesures d’urgence. Elles sont déclinées en quatre articles, censés répondre à l’objectif que chacun puisse « vivre dignement de son travail ».

Le premier article vise à «autoriser les entreprise­s à verser, aux salariés rémunérés jusqu’à 3 600 € par mois, une prime exceptionn­elle qui sera exonérée, jusqu’à 1 000 € ,de toutes charges sociales et d’impôt sur le revenu ». Cette prime devra être versée avant le 31 mars 2019.

Le deuxième article tend à permettre à «tous les salariés et fonctionna­ires qui réalisent des heures supplément­aires de ne plus payer ni cotisation­s salariales ni impôt sur le revenu, à compter du 1er janvier 2019 ». A titre d’exemple, a indiqué Agnès Buzyn, cette mesure donnera lieu à un gain de pouvoir d’achat annuel d’environ 500 € (235 € pour le volet social et 265 € pour le volet fiscal) pour un salarié rémunéré 1 500 € net et réalisant un nombre d’heures supplément­aires dans la moyenne nationale.

La CSG rabotée

Le troisième article rétablit, à compter du 1er janvier 2019, le taux de la contributi­on sociale généralisé­e (CSG) à 6,6 % pour la moitié des retraités frappés, en 2018, par la hausse de CSG de 1,7 point, soit 3,8 millions de foyers et 5 millions de retraités. Seront concernés « les retraités dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 22 580 € (34 636 € pour un couple), soit un revenu correspond­ant à la perception d’une pension de 2 000 € pour un retraité célibatair­e et sans autre revenu ». Pour un retraité percevant une pension de 1 600 € brut, le gain de pouvoir d’achat sur l’année sera de 325 €. En pratique, compte tenu des délais nécessaire­s pour mettre en oeuvre la mesure, la CSG continuera à être prélevée au taux de 8,3 % durant les premiers mois de l’année. Le trop-perçu donnera lieu à remboursem­ent dès la mise en place de la mesure et, au plus tard, le 1er juillet 2019.

Débat parlementa­ire

Le quatrième article prévoit enfin la remise au Parlement d’un « rapport sur la revalorisa­tion exceptionn­elle de la prime d’activité au 1er janvier 2019, dispositio­n réglementa­ire qui complète le projet de loi ». Hier après-midi, Edouard Philippe a éclairé cette formulatio­n, une nouvelle fois absconse, en promettant « qu’un smicard percevra, en janvier 2019, cent euros net de plus qu’en décembre 2018 ». En vertu de l’applicatio­n des critères légaux, la revalorisa­tion mécanique de 1,5 % du Smic, le 1er janvier, y contribuer­a pour 20 €. Son montant brut horaire passera à 10,03 € (contre 9,88 € aujourd’hui), soit 1 521,22 € mensuels sur la base de 35 heures hebdomadai­res. L’Assemblée nationale, dès aujourd’hui, puis le Sénat, dès demain, sont maintenant appelés à discuter, voire amender, ce projet de loi d’urgence sociale, évalué à une dizaine de milliards.

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(Photo AFP) Agnès Buzyn a décliné, hier, une partie des mesures sociales groupées dans un projet de loi.

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