ROUTIERS - VINCI: MIC-MAC AU TÉLÉPÉAGE
En Paca, des transporteurs redoutent d’être facturés « au trajet le plus long », vu la présence de « gilets jaunes » sur des péages. Vinci répond qu’aucune « facturation de ce type » ne sera faite
La société d’autoroute pourrait-elle surfacturer des trajets en raison des actions «péages gratuits» menées par les Gilets jaunes ? Des transporteurs le redoutent. Vinci s’en défend vivement.
« Voilà le problème qui se pose : on rentre sur l’autoroute par un péage avec des “gilets jaunes” et des barrières ouvertes. Et à la sortie, le péage est “fermé”. Alors on paie le trajet le plus long .» Olivier Riandée est le président de l’OTRE, organisation patronale représentant les transporteurs routiers en région Paca. Hier après-midi, dans un communiqué de presse, son organisation a dénoncé « une injustice incroyable », à savoir « la surfacturation des sociétés d’autoroute aux transporteurs ».
Badge pas détecté
Explication : « Les actions des « gilets jaunes » ont perturbé le fonctionnement normal des badges de télépéage équipant l’ensemble des véhicules professionnels. » Les badges n’ayant pas toujours été détectés, à l’entrée ou à la sortie autoroute, « les factures adressées aux entreprises comportent de nombreuses lignes de surtaxation calculées sur le principe dit du “trajet le plus long” ». Selon Jean-Marc Montagnac, secrétaire général de l’OTRE, des transporteurs « sont en train de recevoir les avis de facturation, qui ont fortement augmenté depuis un mois ». Il imagine la difficulté de contester et justifier chaque trajet concerné, pour faire baisser la facture. « Les entreprises sont victimes d’une situation qu’elles ont subie. En aucune manière elles ne sont responsables de ces dysfonctionnements. Il n’est pas acceptable de leur imposer d’apporter la preuve ligne par ligne et véhicule par véhicule des erreurs de facturation pour bénéficier d’un hypothétique remboursement .» Aussi, il n’est pas question d’être assimilé à « des utilisateurs qui ont véritablement filouté le péage ». De son côté, Vinci dément fermement avoir procédé de la sorte. La société d’autoroute explique « n’avoir appliqué aucune facturation de ce type depuis le début des manifestations des « gilets jaunes » ayant impacté son réseau ». Et ce, « en raison du caractère exceptionnel de la situation ». Cette position vaut pour l’ensemble de son réseau, Escota, ASF et Cofiroute. Et a fortiori dans toute la région Paca. Au service communication de Vinci, on expliquait hier soir « essayer de comprendre » et vouloir éviter à tout prix que la situation ne s’envenime sur un malentendu.
« Un relevé n’est pas une facturation »
L’OTRE a produit à la rédaction de Var-matin le relevé de facturation d’un transporteur varois, à titre d’exemple. Une cinquantaine de trajets poids lourds y sont mentionnés comme « trajet le plus cher » par défaut, du 19 novembre au 17 décembre : «En temps normal, ce relevé compte zéro erreur ou une seule maximum. » «Nous présumons que [l’entreprise] a pu recevoir un relevé de trajets, mais qui ne seront pas forcément facturés, répondait-on encore hier, tard dans la soirée, chez Vinci. C’est justement le travail du service clients, qui effectue des rectifications pour tous les trajets concernés par des péages où ont eu lieu des manifestations de “gilets jaunes”.» En donnant l’assurance qu’il n’était absolument pas question de facturer les trajets les plus longs sur ces itinéraires perturbés par des blocages. Dans un contexte de crise sociale prolongée, avec des « gilets jaunes » toujours présents sur les péages, éviter toute crispation supplémentaire est une priorité.