Var-Matin (Grand Toulon)

Jean-Michel Blanquer en VRP de sa réforme à Nice

Journée dense hier à Nice pour le ministre de l’Éducation nationale en déplacemen­t officiel, qui a eu l’occasion d’échanger avec quatre lycéens sur des sujets qui les préoccupen­t

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr 1. Du nom de la manipulati­on informatiq­ue qui consiste à effacer l’opération précédente.

Journée marathon, hier, pour le ministre de l’Éducation nationale, à Nice. Interviews, signatures, quelques sifflets de syndicalis­tes à son arrivée à l’école Auber de Nice – où il est intervenu sur le devoir de mémoire – puis le dîner du Conseil représenta­tif des institutio­ns juives de France en fin de soirée. Le premier prof de France s’était toutefois ménagé une vraie pause dans la journée. Elle n’apparaissa­it pas dans l’agenda officiel. Une rencontre avec quatre lycéens, hier soir, sous les ors du palais préfectora­l. Rien d’anodin, alors que les manifs lycéennes – et leur lot de débordemen­ts – ont envahi les rues de France. Le ministre macroniste surnommé « Contrôle Z » pour

(1) sa propension à effacer les réformes de ses prédécesse­urs, est engagé dans une opération déminage auprès des lycéens. « Il n’est pas question de céder à la pression de la rue», avait-il déclaré il y a quelques jours au plus fort des manifs, jouant la fermeté. Hier, point de rodomontad­es. Mais une opération miséductio­n, mi-communicat­ion à laquelle Nice-Matin a pu participer en observateu­r.

Une rencontre informelle

Face au ministre, quatre lycéens. Pas franchemen­t du genre lanceur de pavés. Ils manifestai­ent toutefois il y a quelques jours contre les réformes Blanquer. Tous ont été triés sur le volet et participen­t au Conseil académique de la vie lycéenne (CAVL). «Je suis un peu tendu. En lui parlant, on s’adresse à l’Éducation nationale », glisse Valentin Simoncelli, 16 ans, avant l’arrivée du ministre. Il est en première ES au lycée Apollinair­e. La feuille de route : une rencontre informelle. Mais difficile d’oublier les quatorze personnes – on a compté – écoutant l’entretien. Parmi elles, le recteur, l’inspecteur d’académie, et le cabinet du ministre. Rien que ça. Intimidant. Les lycéens ont eu près de quarante-cinq minutes – entrecoupé­es d’un direct du ministre avec France 3 – pour évoquer les thèmes qui leur tenaient à coeur. Les maths, l’absence des sciences économique­s et sociales dans le tronc commun – avec une citation de Michel Rocard (si, si) – ou les programmes scolaires. Axel Martin, 15 ans, en seconde au lycée Estienne-d’Orves, costume-cravate noir, s’inquiète des sujets posés au Bac 2021 avec l’introducti­on des « spécialité­s ». Le coeur de la réforme. Jean-Michel Blanquer écoute, attentif : « Il y aura une banque de données de sujets, des centaines et des centaines, discipline par discipline. (...) L’un des buts est de vous mettre en situation de travailler en continu et de répartir votre effort. »

«Le scandale actuel, c’est le taux d’échec»

D’une voix toute fluette, Yasmin Tariq, 16 ans, en première à Calmette, interroge le ministre sur le risque de rupture d’égalité entre lycées avec la réforme Blanquer. Le ministre rejette le risque et affirme que les « spécialité­s » seront équitablem­ent réparties entre établissem­ents. Droit comme un « i », Valentin attaque sur les effectifs. « Nous sommes 34-35 dans ma classe. J’ai entendu parler de suppressio­ns de postes. Si on a moins de profs, on sera plus nombreux ? » Le ministre affirme que par le truchement des heures supplément­aires, les effectifs seront plus homogènes au lycée. «Au lieu d’avoir une classe à 20 et une à 35 vous aurez des classes à 30. » Valentin semble peu convaincu. Axel Martin, 15 ans, en seconde à Estienned’Orves, interroge sur la manière dont il pourra choisir le thème du futur grand oral du bac. « Vous présentere­z un sujet qui vous passionne. Vous le choisirez en lien avec vos professeur­s. » Sourire. La réponse satisfait. Le ministre fait le job et défend son action. «Le scandale actuel, c’est le taux d’échec très important dans l’enseigneme­nt supérieur », insiste-t-il. Caroline Méric, 17 ans, en terminale L à Estienne-d’Orves, s’inquiète, elle, du manque de médecine du travail pour les professeur­s. Sa maman est prof d’italien. « Ça, c’est pas la réforme du lycée », s’amuse le ministre. « C’est un vrai sujet sur lequel nous travaillon­s avec les organisati­ons syndicales. Un de mes grands buts, c’est le bien-être au travail du personnel. Ça renvoie au pouvoir d’achat, à la formation continue et évidemment à la santé. Ça va progresser de ce côté. » «Agréable», «naturel», les lycéens ont semblé plutôt contents à la sortie. «Ila pris le temps. »

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(Photo Frantz Bouton) Caroline, Yasmin, Axel, Valentin, quatre lycéens niçois face au ministre de l’Éducation nationale.

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