Mifsud change de dimension...
L’apnéiste, recordman du monde en statique, se lance un nouveau défi : rejoindre en solitaire les Antilles pour une mission à la fois éducative et environnementale. Gonflé, comme lui !
Stéphane Mifsud est un être à part. Terrien aspiré par le large. Motivé par l’inconnu. Le mystère. Et ses profondeurs. Mystiques... Apnéiste hors norme, il a décidé, après des années à partager le souffle de son existence, de remonter cette fois à la surface. Évidemment, pour mieux replonger derrière... Le 30 décembre prochain, l’amphibien tournera donc le dos à la côte varoise, direction les Antilles. Cette Odyssée bleue inédite le conduira, au gré des vents, vers Saint-Barth, Saint-Martin, la Guadeloupe et La Martinique. Avec pour but d’offrir près d’une tonne de matériel de plongée aux enfants qui n’en ont pas les moyens.
Un Mif dans ses petits souliers
Une offrande de Noël - après l’heure puisque sa traversée devrait durer environ deux mois - pour partager ses passions. Et éveiller ou réveiller les consciences alors que le réchauffement climatique menace l’avenir de tant d’insulaires. « Quand on aime certaines choses, on les protège. C’est pour cette raison que je me suis lancé ce défi...» Au programme également, des opérations de nettoyage des fonds marins et des rencontres avec des scientifiques et naturalistes travaillant sur les mêmes préoccupations de sauvegarde de la flore et de la faune sous-marines. Mais mers et océans, que l’homme maltraite sans vergogne, ne sont pas ses uniques sources de motivation. De respirations... « J’ai besoin de créer. Dans la dureté. De me retrouver face à moi-même. Seul au milieu de l’Atlantique ! » En solitaire avec ses doutes. Ses angoisses. Voire ses peurs. Mifsud ne s’en cache d’ailleurs pas. « Bien sûr que j’ai la trouille. La navigation, ce n’est pas mon dialecte. Mais il fallait que j’aille ailleurs... » Son Saint-Jacques-de-Compostelle nautique, le Hyérois l’a minutieusement préparé. « Je ne suis pas un kamikaze. Je disposerai d’une assistance 24 h sur 24. Et mon voyage sera interactif. » Sur le continent, une équipe contera au quotidien son aventure sur les réseaux sociaux. Une pastille de 60 secondes pour vivre, mille par mille, son périple. « Elle sera le trait d’union entre moi et la terre. » Une manière de ne pas déconnecter de la réalité et se laisser submerger par les éléments sans voix. Sinon celle propre à la nature. Sauvage et impitoyable... « Surtout que j’ai choisi de partir à une époque où ça tape fort. Mais c’était nécessaire pour écrire autre chose. Pour grandir en tant qu’homme... » Protéines en poudre, graines, l’extra-terrestre voyagera sain et léger. Pas de superflu à bord de son Bénéteau Océanis de 55 pieds. Et pas de compagnon à quatre pattes non plus !
Un gros défi en préparation
Le fidèle Disco, dont Stéphane ne se sépare jamais, attendra son maître à la maison. « Je lui ai expliqué et il a tout compris. » Tel père tel chien. Deux authentiques OVNI dans notre paysage stéréotypé en manque d’un tel ambassadeur. Engagé jusqu’à son dernier souffle. C’est dire si cela va durer... « L’autre soir, j’écoutais Mike Horn pour qui j’ai beaucoup d’admiration. Il disait que, dans l’absolu, ce genre de challenge ne servait à rien. En revanche, il te servait. A toi. Moi je vais donc allier dépassement de soi et projet environnemental avant... » Avant de filer sous les flots avec une idée derrière la tête. « Pas un nouveau record d’apnée statique, mais une grosse performance. Je m’entraîne pour ça. Je vous en dirai plus bientôt... » Certainement une fois son chemin de croix achevé. Sa bonne parole écoutée. Son face à face avec lui-même apaisé...