Var-Matin (Grand Toulon)

«Au bout du compte, on fête toujours Noël»

Nadine Cretin, historienn­e

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Nadine Cretin est docteur en histoire, spécialisé­e en anthropolo­gie religieuse. Parmi la douzaine d’ouvrages qu’elle a publiés, nombre d’entre eux portent sur les fêtes de fin d’année et Noël. Elle prépare actuelleme­nt un Dictionnai­re de Noël.

Noël, dans sa version classique, semble être devenu une obligation pour certains. Pourquoi?

Je mettrais un gros bémol sur cette question de l’obligation : en fait, les gens aiment bien fêter Noël. La volonté de se réunir continue d’exister. Et puis les fêtes de fin d’années restent une période particuliè­re : c’est une période de générosité, où on ouvre son coeur comme son porte-monnaie. Parce que l’abondance appelle l’abondance. À ce moment-là, on vient de passer le solstice d’hiver, qui amène des jours plus longs, des temps meilleurs. C’est ça qu’on attend à Noël. Et ça ne change pas.

Et pourtant, c’est justement cette abondance, et même cette surabondan­ce, que regrettent certains…

Là, on met le doigt sur une volonté de se recentrer sur ce qui est crucial : même si les repas sont moins luxueux et copieux, on se réunit quand même. De même que quand on fait des cadeaux soi-même, d’abord, on en offre tout de même et on garde cette idée de générosité et de partage : on donne de soi-même à autrui. Et puis on se fait plaisir à soimême.

En somme, vous dites que, quels que soient les motifs invoqués – écologique­s ou pour un Noël plus qualitatif par exemple –, les raisons profondes sont en fait liées à ce que chacun espère des fêtes ?

Oui. Par exemple, quand on fabrique des cartes, des cadeaux soi-même, ce n’est pas forcément dans un souci écologique mais pour être dans le don de soi. Après, je pense qu’il y a un enjeu important dans le fait de fêter Noël autrement, c’est la recomposit­ion des familles : on change ses habitudes pour faire face à un nouveau contexte.

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