Var-Matin (Grand Toulon)

2018 : annus horribilis bis

Le sélectionn­eur change, pas les résultats : le XV de France a renouvelé sa tête en 2018, avec le remplaceme­nt de Guy Novès par Jacques Brunel, mais il reste plongé dans un abîme de doutes

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La route du pays du Soleil levant est obscurcie par de nombreux et épais nuages pour ces Bleus, qui pourraient rentrer dans l’histoire en devenant la première équipe française à manquer les quarts de finale du Mondial. Parce qu’ils ont été versés dans la « poule de la mort », en compagnie de l’Angleterre et de l’Argentine, et de deux outsiders robustes (Etats-Unis et Tonga). Mais surtout parce qu’ils aborderont 2019 guère rassurés après avoir perdu huit de leurs onze rencontres de 2018. Dont, pour clore l’année, la première défaite de leur histoire face aux Fidji (21-14), venues les doubler au classement mondial (8e contre 9e). Alors qu’ils venaient tout juste de mettre fin avec brio contre l’Argentine (28-13) à une série de cinq défaites... Un an quasiment jour pour jour avant le revers face aux Fidjiens, le XV de France avait échoué à battre le Japon pour la première fois (23-23), un nul fatal un mois plus tard à Guy Novès, premier sélectionn­eur français limogé en cours de mandat. Brunel l’a remplacé, pour un bilan chiffré moins reluisant (27% de victoires contre 32% pour Novès), même si la tournée de juin en Nouvelle-Zélande, double championne du monde en titre, pèse d’un certain poids (trois défaites).

« Détails » et fébrilité

Mais les Bleus, seulement vainqueurs de l’Angleterre et de l’Italie cette année en plus de l’Argentine, n’ont pas plus été capables de battre à la maison deux des trois autres meilleures nations mondiales rencontrée­s : l’Irlande (défaite 1513) et l’Afrique du Sud (revers 29-26), contre qui ils tenaient la victoire avant de la laisser échapper dans les tout derniers instants. Sur des « détails », répondent la plupart des joueurs, qui peinent à concrétise­r leurs temps forts et font preuve d’une extrême fébrilité sous pression. Bien qu’ils soient, toujours selon leurs dires, plus à l’aise dans leurs crampons avec le management participat­if de Brunel qu’avec celui de son prédécesse­ur, et malgré des séquences offensives prometteus­es par moments. Mis bout à bout, ces détails constituen­t un gouffre qui sépare les références mondiales du XV de France, de plus en plus boudé par son public : seulement 42 000 spectateur­s étaient présents contre les Fidji, et 50 000 face à l’Afrique du Sud, à chaque fois au Stade de France, malgré des rabais spectacula­ires de dernière minute proposés par la Fédération. Malgré ce tableau encore assombri par une baisse des licenciés, particuliè­rement chez les plus jeunes, Brunel refuse de céder au pessimisme. « Je ne crois pas que le groupe ait perdu confiance (...) Si on avait perdu trois fois (en novembre, NDLR), ou fait des matches de piètre qualité, ou gagné de façon un peu heureuse, là je pourrais me dire : “On n’avance pas, on ne peut pas s’en sortir”. Là je serais inquiet. Mais ce n’est pas le cas » expliquait-il le mois dernier. Il conviendra de transforme­r ces bonnes paroles en actes dès le Tournoi des six nations, qui commence le 1er février et propose aux Bleus, en cette année impaire, un menu copieux, avec des déplacemen­ts en Angleterre et en Irlande (en plus de l’Italie). Soit cinq matches officiels (plus trois de préparatio­n) avant la Coupe du monde, où le XV de France tentera d’éviter l’accident industriel. Quatre ans après avoir pris la porte dès les quarts de finale de la précédente édition, sur une humiliatio­n face aux All Blacks dont le rugby français avait promis de tirer les leçons.

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(Photo AFP) Brunel n’a pas fait mieux que Novès.

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