De l’eau de mer pour chauffer le quartier
La gestion du réseau de thalassothermie vient d’être confiée à Dalkia. La filiale d’EDF a de grands projets pour développer cette source d’énergie renouvelable qui utilise les calories de la mer
Si le commerce de proximité a de nouveau le vent en poupe, pas la peine d’aller chercher très loin non plus pour se fournir en énergie. À La Seyne, cela fait longtemps que l’eau de mer alimente certains bâtiments en chauffage ou en climatisation. L’avantage avec la Méditerranée, c’est que ses réserves sont propres, peu onéreuses, quasiment inépuisables, et qu’elles se trouvent surtout à portée de main - ou de tuyau. Comme le rappele Gilles Vincent, maire de SaintMandrier et vice-président de la métropole Toulon Provence Méditerranée (TPM), en charge de la commission Environnement et Développement Durable, «8,8 millions de m2 sur la surface de la métropole se trouvent à moins de 1,5 km du bord de mer ». Alors, pourquoi ne pas en profiter ?
Étendre le dispositif
Cela fait depuis plus de dix ans que la municipalité seynoise s’intéresse à la thalassothermie. Même si les premiers raccordements ont vu le jour en 2010, le projet avait été initié par Arthur Paecht, lorsqu’il était encore maire de la commune. Jusque-là, le réseau existant appartenait donc à la commune de La Seyne-sur-Mer et alimentait en eau tempérée les équipements de production d’énergie thermique des bâtiments Porte Marine 2 (Armada-Santa Maria, Lylo Marine et Red Line) ainsi que ceux du casino Joa. C’est désormais la métropole qui assure cette compétence. Et TPM vient de choisir Dalkia, spécialiste des énergies renouvelables, pour assurer la gestion et l’exploitation du réseau seynois, pour une durée de 20 ans. « Notre volonté à terme est bien évidemment d’étendre le dispositif sur la commune de La Seyne mais aussi sur l’ensemble du territoire de la métropole », assure Gilles Vincent. Cela pourrait concerner « aussi bien des logements collectifs, que des écoles, des administrations ou qu’une piscine municipale ». Pour l’heure, une première tranche de travaux est prévue cet été à La Seyne. L’idée étant de créer une antenne vers le Campus des métiers de la mer ainsi que vers les bâtiments de Terres du Sud Habitat.
Deux phases de travaux
Au total, près de 2 millions d’euros vont être investis (dont une partie financée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) dans la création d’un réseau de canalisations de 3 km : « Ces aménagements consisteront d’une part à étendre le réseau existant, et d’autre part à le moderniser », résume Serge Burtin, directeur régional de Dalkia Méditerranée. Objectif final : tripler la capacité de production du réseau. Une seconde phase de travaux est prévue pour 2020. Cette fois-ci, il s’agira d’étendre le réseau vers les quartiers des écoles et du lycée Beaussier. Les pompes à chaleur (PAL) de la filiale d’EDF (lire ci-contre) seront ainsi en mesure de produire 7 MW de production de chaud et de froid, afin d’alimenter quelque «980 équivalent-logements ». « Soit environ 3 000 personnes », calcule à la louche Denise Reverdito, adjointe déléguée à l’environnement à la mairie de La Seyne-sur-Mer. Et puis, « plus le réseau sera long, plus il sera rentable », rappelle Gilles Vincent. Si la métropole entend développer la thalassothermie sur son territoire, c’est aussi parce qu’elle est « bien plus économique que les autres énergies renouvelables », comme l’éolien ou le photovoltaïque…
« D’ailleurs, conclut le maire de Saint-Mandrier, ce projet s’inscrit dans l’objectif d’atteindre 30 % d’énergie renouvelable d’ici 2030. »