Var-Matin (Grand Toulon)

Le relais des bêtes martyres s’exile en… Bourgogne

À la suite du décès de l’emblématiq­ue Simonne Peyre, la «maison de retraite » des animaux ferme ses portes. Le directeur du refuge déménage « sans regret »

- RECUEILLI PAR S. CHAUDHARI schaudhari@varmatin.com

Ses craintes étaient fondées. Martial Filiponne, 61 ans, à la tête du Relais des bêtes martyres vient d’apprendre la terrible nouvelle qu’il redoutait tant : le propriétai­re du terrain de onze hectares ne veut plus d’eux. « Les réactions ne se sont pas fait attendre : le bail avait été fait au nom de Madame Peyre et notre associatio­n n’a plus lieu d’occuper le terrain. Le propriétai­re nous laisse quelques mois pour déménager », écrit-il aux amis de la brigade de défense animale et humanitair­e de la nature et de l’environnem­ent (BDAHNE). Cet amoureux des animaux a quitté son départemen­t de la Saône-et-Loire, la première fois en 1992, avant de revenir en 2015, pour venir épauler et soutenir Simonne Peyre, fondatrice du refuge et protectric­e acharnée des animaux abandonnés et/ou victimes de sévices. Avec ce départ, c’est tout un pan de l’histoire locale qui s’envole. Et, dans le Var, un paradis pour animaux qui ont connu l’enfer et la noirceur humaine. Interview.

Quand avez-vous prévu de partir ? Les animaux vont passer l’hiver ici et on doit partir au début du printemps.

Dans quel état d’esprit quittez-vous Le Thoronet ? Je quitte le relais déçu et sans aucun regret. J’ai d’ailleurs écrit une lettre au maire pour lui faire part de cette déception. Il m’avait appelé pour m’annoncer une cérémonie en hommage à Simonne Peyre. J’ai appris il y a trois semaines que le conseil municipal n’était pas d’accord. Une plaque a juste été déposée en catimini.

Mme Peyre et Le Thoronet, c’est une belle histoire… Oui, Simonne a fait beaucoup pour la ville et les associatio­ns. Elle a créé le syndicat d’initiative et a donné beaucoup d’argent à des familles dans le besoin et même à titre personnel. Leur comporteme­nt est décevant. Elle a financé des téléphones et, dernièreme­nt, un drone pour la Tour du Guet, servant dans la lutte contre les incendies.

Vous retournez en Saôneet-Loire ? C’est une décision définitive ? Oui. Il y a trois ans, j’avais conseillé à Mme Peyre de ne pas vendre la propriété de Sainte-Croix-en-Bresse et heureuseme­nt, nous en sommes toujours propriétai­res. C’est là que nous allons nous installer. Il s’agit d’un terrain d’un hectare. Je cherche un à deux hectares de terrain agricole. Avez-vous cherché un autre terrain dans le Var ? Non. C’est devenu très difficile d’en trouver un répondant aux normes de la DDPP (direction départemen­tale de la protection de population­s, Ndlr) ou des communes.

Emmenez-vous tous les animaux ? Oui presque tous. Il y a onze chats et chiens dans le relais, ainsi que  chiens en pension à Lorgues. Ces derniers nous coûtent énormément : je viens juste de faire un chèque de   euros pour le mois.

Et les chevaux ? Il y a une jument en pension chez notre inspecteur, à Trans-en-Provence ainsi que deux poneys, souffrant d’arthrose, abandonnés il y a quelques mois en pleine nuit près du lac de Carcès. Pour eux, nous avons déposé plainte en gendarmeri­e car ils avaient des blessures, notamment sur le chanfrein et les lèvres. On les a récupérés, c’est notre job. Seule la jument va rester. Elle est heureuse ici. Il y a également un bouc et une chèvre, qu’on emmène aussi. Jusqu’ici, on payait  euros par mois. Sur une année, les mises en pension représente­nt un budget de   euros.

Comment s’annonce le voyage avec les animaux ? Ce n’est pas le plus compliqué. Nous avons le matériel pour cela. En moins d’une semaine, ce sera réglé. Il y a  km à parcourir.

Qu’allez-vous faire du matériel sur place ? Il y a des caravanes mises à dispositio­n des animaux. On va les casser et les jeter en déchetteri­e. La citerne de   litres a été achetée par Simonne contre les incendies. L’associatio­n va l’offrir aux pompiers de Lorgues, comme elle le souhaitait.

Les bêtes vont devoir s’habituer à un autre climat… Oui mais il y aura le chauffage, des constructi­ons. Tout ce qu’il faut (je suis en train de mettre à jour les permis obtenus en ) : une chatterie, des chenils. Ce sera terminé en mars. Nous allons tenter de faire le maximum nous-mêmes pour diminuer les frais. Je suis bricoleur.

1. L’associatio­n a toujours besoin de dons : il vous est encore possible d’adresser vos chèques au relais des bêtes martyrs, Châteaufro­id, 83 340 Le Thoronet. Rens. : 04.94.60.10.06.

 ?? (Photos S. Ch.) ?? En déménagean­t, Martial Filiponne, directeur du Refuge et président de l’associatio­n BDAHNE honore son voeu. « Je dois respecter ma promesse, nous lui devons, en reconnaiss­ance de toutes les années qu’elle a données pour sauver tant de bêtes maltraitée­s, abandonnée­s. »
(Photos S. Ch.) En déménagean­t, Martial Filiponne, directeur du Refuge et président de l’associatio­n BDAHNE honore son voeu. « Je dois respecter ma promesse, nous lui devons, en reconnaiss­ance de toutes les années qu’elle a données pour sauver tant de bêtes maltraitée­s, abandonnée­s. »
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