Un ouvrage de référence sur l’oeuvre des Noailles
Alexandre Mare et Stéphane Boudin-Lestienne, auteurs du livre consacré aux Noailles, évoquent leur long travail pour mettre en lumière ce couple de mécènes qui a marqué le XXe siècle
C’est un ouvrage qui fait désormais référence : « Charles et Marie-Laure de Noailles Mécènes du XXe siècle» a été présenté le mois dernier à Paris. Initié par Jean-Pierre Blanc, le directeur de la Villa Noailles, financé par Chanel et le Centre national du livre, ce beau livre de 335 pages, richement illustré et très documenté, a été rédigé par Alexandre Mare et Stéphane Boudin-Lestienne, commissaires d’expositions à la Villa Noailles. Ils évoquent la génèse de ce long travail de reconstitution de l’oeuvre des Noailles.
Ce livre n’est ni une biographie, ni un récit, ce n’est pas non plus juste un livre d’art. Comment qualifiez-vous votre ouvrage ? C’est un livre d’histoire de l’art et de la vie intellectuelle en France pendant la période qui va de 1923, l’année du mariage de Charles et Marie-Laure de Noailles, jusqu’à 1973, l’année de la vente du terrain et de la Villa à la ville. On a volontairement écarté l’aspect biographique. Notre idée, c’était de faire un livre scientifique, basé sur des sources sûres et vérifiées. On n’en a pas tellement sur leur vie privée, et puis ce n’était pas le sujet. On voulait avant tout montrer comment ce couple, commanditaires de demeures, est petit à petit devenu un couple de mécènes. On a voulu reconstituer l’histoire de ce mécénat incroyable, en même temps qu’une histoire de la pensée intellectuelle et artistique du XXe siècle. Il y a déjà un livre sur Marie-Laure de Noailles, qui s’attache à sa personnalité, à la façon dont différents témoins pouvaient la voir. On a voulu écrire un livre sur le couple Charles et Marie-Laure, sur la manière dont ils ont été mécènes, en temps que couple.
Les Noailles se sont intéressés à des sujets très divers, ils ont laissé une foule de documents et d’archives. Comment avezvous construit cette histoire ? On a construit ce livre autour de grand chapitres, comme autant d’essais autonomes sur les thèmes les plus divers : les jardins, la littérature, le cinéma… Entre chacun de ces chapitres, on ouvre des fenêtres, des intermèdes qui sont d’autres manières de montrer aux lecteurs qui étaient les Noailles. On a vraiment essayé d’être complets, on a beaucoup travaillé à réunir des infos dispersées. Et c’était effectivement une masse assez complexe à gérer ! C’est ce qui fait qu’on a très vite refusé une approche chronologique pour travailler sur différentes histoires autour des disciplines ou des sujets que les Noailles ont abordés à travers leur mécénat.
C’est un livre qui manquait à la Villa Noailles ? On a fait un travail de chercheurs, d’historiens, et c’est en cela que le livre pouvait manquer, non seulement à la Villa Noailles mais bien au delà, parce que ce couple a marqué la vie intellectuelle et artistique de son siècle. C’est un ouvrage très référencé, et cela en fait un outil à disposition d’autres chercheurs. Ça aussi ça manquait. En fait, on devrait se demander pourquoi le musée national d’art moderne ou la cinémathèque par exemple n’avaient pas déjà fait ce livre ! C’est une très belle initiative de la part d’un « petit » centre d’art de province. C’était la volonté de Jean-Pierre Blanc, son directeur : raconter ce lieu qu’il dirige, l’histoire de ce couple et son importance. Il a voulu partager ce savoir et rendre ce couple accessible.
Charles et Marie-Laure de Noailles Mécènes du XXe siècle, coédité par la Villa Noailles et Bernard Chauveau Édition. 52 euros.