Var-Matin (Grand Toulon)

Immersion dans le milieu marin et l’apnée

Vendredi 4 janvier, Benjamin Emeriaud présentera Immersion, un documentai­re amateur mêlant sport et défense de l’environnem­ent, tourné en partie sur le littoral varois

- PROPOS RECUEILLIS PAR VICTOR TILLET

Un matin de fin décembre, le soleil timide se répand sur le port du Lavandou. La mer est calme, tout comme Benjamin Emeriaud. Ce littoral, c’est son bassin, là où tout a commencé pendant son enfance dans le Var. Ses premières plongées à six ans, la pratique de l’apnée et l’observatio­n du milieu aquatique. À 44 ans, la passion demeure intacte chez Benjamin Emeriaud. Installé à Chartres depuis 2002 où il enseigne l’EPS au lycée Marceau, il y dirige aussi la section apnée fondée en 2009. La seule du genre dans un établissem­ent scolaire en France. Après les jeunes, c’est au public que le coach veut transmettr­e sa passion. Une idée folle est lancée l’an dernier : filmer son groupe d’apnéistes pendant une année scolaire, de septembre 2017 à juin 2018. Le résultat ? Un documentai­re d’une heure et demie baptisé Immersion. Modeste et sincère, le long-métrage est une plongée dans un monde souvent perçu comme mystique.

Revenir au Lavandou pour présenter votre film, comment l’appréhende­zvous ? C’est un plaisir, je reviens plusieurs fois dans l’année ici. J’espère qu’il y aura du monde. Immersion peut intéresser les gens ici. Je l’ai déjà présenté à Chartres en septembre, l’accueil a été très bon.

Un film dont le thème principal n’est pas courant. Mis à part Le Grand bleu, l’apnée est peu présente au cinéma. J’avais envie de partager cette passion, exprimer ce qu’est l’apnée.

C’est-à-dire ? Souvent les gens sont surpris quand ils découvrent que l’apnée possède beaucoup de discipline­s. Ca ne se résume pas à du « statique » et du « en mouvement ». On peut la pratiquer avec ou sans palmes, lesté ou non d’un poids constant ou variable… C’est un sport très riche. Il y a une part de mystère autour de l’apnée car elle est méconnue. Alors qu’en s’entraînant, tout le monde peut y accéder.

Pendant une apnée, la gravité n’existe plus. On est comme dans l’espace ”

Quelles sont les qualités requises pour pratiquer ? Il peut y avoir des prédisposi­tions naturelles mais c’est avant tout du travail. L’apnée requiert du calme, il faut être capable de s’écouter. Savoir réguler sa respiratio­n avant de plonger. Un débutant peut progresser assez vite quand il découvre ces outils. Enchaîner les apnées permet aussi de faire comprendre au corps qu’on va lui demander un effort.

Vous qui la pratiquez, avez-vous une spécialité ? J’ai été champion de France l’an dernier en poids constant bi palme. Après ce n’est pas réellement ma spécialité, j’aime toucher à tout dans ce sport.

Les sensations pendant une apnée ? On est comme dans l’espace. La gravité n’existe plus, on est en adéquation avec l’élément. On n’a pas besoin d’outils extérieurs dans ces moments-là pour savoir où on en est. On écoute les signaux de son corps.

Comment avez-vous procédé exprimer tout ça sur le tournage ? Excepté quelques séquences avec des drones, j’ai filmé avec des caméras Go Pro. L’avantage étant de pouvoir filmer de près. Pour les scènes sous l’eau, le défi a été la stabilité de l’image. Ce que nous avons réussi à trouver. L’apnée est un sport lié à l’esthétique, de par les mouvements et l’environnem­ent. Car le milieu marin se prête à l’image.

L’environnem­ent est aussi un thème important dans Immersion ? Oui, car quand on pratique l’apnée, on a généraleme­nt une part écolo en nous. De plus, à chaque fin d’année scolaire, j’amène ma dizaine d’élèves ici, au Lavandou, pour une semaine de stage. Pendant laquelle nous menons des actions pour l’environnem­ent.

Lesquelles ? Nous plongeons dans le port et sur le littoral pour ramasser les déchets au fond de l’eau pendant une demi-journée. Et on trouve de tout : plastiques, bouteilles, cônes de chantiers, pied de parasol… Tenez par exemple regardez là, vous voyez la fourchette et les canettes au fond de l’eau ? Chaque fois qu’ils s’y attellent, les jeunes sont impression­nants. Ils enchaînent des heures sans s’arrêter. On retrouve ces moments dans le film, tout comme l’amoncellem­ent de déchets sortis de l’eau, qui parfois frôle la demi-tonne. J’espère qu’en montrant tout ça, nous pourrons faire passer un message significat­if.

D’autres séquences ont été tournées dans le Var? Plusieurs scènes d’apnée

ont été réalisées au Lavandou, à Port Cros et Porqueroll­es. J’ai aussi utilisé quelques extraits des années précédente­s. On a de très belles scènes, où l’on peut voir des espèces animales qu’on ne retrouve presque plus en Méditerran­ée comme le poisson-perroquet. Nous étions tous heureux d’en observer. Sans compter les espèces qui ont migré ici.

Que vous a apporté ce documentai­re ? L’envie de faire un autre, ce que l’on m’a déjà demandé. Notamment pour expliquer ce que deviennent les jeunes apnéistes par la suite, ce que leur a apporté ce sport dans la vie. J’ai commencé à contacter des anciens élèves que j’avais en  pour faire quelque chose comme « dix ans après leur passage dans la section sportive ». Ca me plairait, mais d’abord on se retrouve pour la présentati­on du  janvier. Où les gens verront une version spéciale d’Immersion pour Le Lavandou. « Immersion », diffusion à l’espace culturel le vendredi 4 janvier à 18 heures, suivie d’un échange avec le réalisateu­r. Entrée libre.

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Photo V. Tillet) Le  janvier, Benjamin Emeriaud présentera Immersion au Lavandou, où plusieurs scènes du long-métrage ont été tournées. Le réalisateu­r y a aussi réalisé ses premières apnées.
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(Photo DR) Des scènes d’apnées ont été tournées au Lavandou, à Port Cros et Porqueroll­es.

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