Var-Matin (Grand Toulon)

Gilets jaunes jusqu’au bout de l’année

- P.-L. PAGÈS

Ni paillettes, ni strass pour cette Saint-Sylvestre, mais des bandes réfléchiss­antes. Celles des Gilets jaunes bien sûr. Après des semaines de contestati­on sociale, ceux qui occupent, parfois depuis le premier jour, le rond-point Alphonse-Juin et le « petit » péage de Bandol ne se voyaient pas réveillonn­er « sagement » à la maison. Alors, comme tous les soirs ou presque depuis le 17 novembre dernier, ils se sont une nouvelle fois retrouvés hier. Un rendez-vous devenu presqu’une routine. Un geste naturel. Les jours de lutte les ont indiscutab­lement soudés. Parmi ces irréductib­les, Prisci, trentenair­e, qui a déjà passé une partie du réveillon de Noël sur ce rondpoint de Bandol, confie : « Les Gilets jaunes sont devenus une famille. Maintenant, avec eux, c’est à la vie, à la mort ». Tristan est sur la même longueur d’onde. « Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, j’ai rencontré des gens extraordin­aires. J’ai vécu des gestes d’humanité incroyable­s», raconte le jeune homme. Dans un excès d’euphorie, il en vient même à remercier… le président de la République! «Je remercie M. Macron de me faire vivre ces moments historique­s », lâche-t-il, tout sourire.

Une vingtaine de chapons

Les Gilets jaunes ont beau rester mobilisés, ils n’oublient pas pour autant que le 31 décembre est synonyme de fête. Alors avant de venir, chacun a jeté un coup d’oeil au réfrigérat­eur et a ramené quelque chose à partager. Au menu du soir : daube de sanglier et pâtes. Mais aussi des salades, des toasts, des huîtres… Et même des chapons ! « Un automobili­ste s’est arrêté et nous en a livré une vingtaine, déjà cuits, prêts à être dégustés », raconte Prisci, un peu surprise quand même par tant de générosité. Bernard, lui, n’a pas hésité à se jeter à l’eau pour pêcher des oursins. Surpris en train de les ouvrir, cet ancien de l’arsenal de Toulon raconte : « Venir ici ce soir, ça me rappelle les jours de lutte en 1998 quand on se battait pour assurer la réparation du pétrolier-ravitaille­ur Var ». Dans cette ambiance détendue, comme baignée de l’esprit de Noël, Antoine, sans vouloir jouer les rabat-joie, se sent quand même obligé de rappeler pourquoi les Gilets jaunes sont encore dehors en ce début de nuit de la SaintSylve­stre. Un autocollan­t frappé des trois lettres RIC, pour référendum d’initiative citoyenne, sur la poitrine, il explique: «Pour l’heure, aucune de nos revendicat­ions n’a encore vraiment été prise en compte. Si nous sommes encore si nombreux ce soir, c’est qu’on veut participer à la vie politique de notre pays plus directemen­t. On veut savoir où va l’argent des taxes et participer directemen­t à la prise de décision. Le peuple est mûr, il est temps de lui faire confiance ». Une façon de donner rendezvous en 2019.

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(Photo Dominique Leriche) Hier soir, les Gilets jaunes de Bandol n’auraient raté pour rien au monde le réveillon de la Saint-Sylvestre pour se retrouver une nouvelle fois ensemble.

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