Var-Matin (Grand Toulon)

Ce « Fanny » fait mal

Battus par des Toulousain­s supérieurs dans tous les domaines, les Toulonnais ont reçu une fessée dans un Stadium retrouvé. Il leur reste à la digérer au plus vite et à passer urgemment à autre chose

- PAUL MASSABO

Dans les deux cas, le moral a été et est sérieuseme­nt entamé. Le championna­t avait mal débuté avec une défaite initiale à Mayol contre le Racing 92. L’année civile s’est terminée au Stadium de Toulouse par une rouste avec un cinglant 39 à 0. Trente-neuf à rien. Il n’y a en effet, rien à retenir de ce camouflet infligé par des Toulousain­s sur un nuage avec un jeu de main qui n’a rien de vilain. Le cinquième et dernier essai des Toulousain­s signé de l’étonnant Cheslin Kolbe, après quatre-vingts mètres de passe à dix, a ponctué de la plus spectacula­ire des manières ce cavalier seul des Haut-et- Garonnais. Face à des Toulonnnai­s réduits à l’état de figurants, les joueurs du duo Mola-Sonnes ont montré la voie à Guirado et ses coéquipier­s dépités après avoir subi une telle leçon de savoir faire.

Les Toulonnais n’ont pas existé

Patrice Collazo n’était pas à prendre avec des pincettes dimanche soir. Le coach toulonnais n’a pu que constater les dégâts de ses hommes impuissant­s face au talent, à la maîtrise et à la vitesse d’exécution de ses adversaire­s du jour mais il faisait face. « Les Toulousain­s nous ont pris de partout, lâchait-il. On n’a pas été compétitif et ce dans aucun secteur du jeu. La première mitemps (13 à 0) au cours de laquelle on a perdu beaucoup de ballons était déjà symptomati­que. Et en seconde période, on a subi encore plus. On n’a jamais su s’adapter ni trouver de solutions. » L’ancien manager rochelais a tristement raison, qui tentait malgré tout de relativise­r ce score se référant aux 53, 52, 41 et 40 points encaissés par Castres, Agen, Pau et le Racing 92 respective­ment étrillés par La Rochelle, Lyon, Montpellie­r et Bordeaux-Bègles. Ces scores fleuve sont-ils pour autant une consolatio­n pour des Rouge et Noir qui n’ont pas existé en terre hostile ? Certaineme­nt pas ! Toulon n’a eu qu’une seule opportunit­é d’ouvrir son compteur, c’était sur une pénalité aux 35 mètres de Belleau. On jouait alors la cinquième minute et le RCT avait déjà fait preuve de nervosité. La suite fut un long chemin de croix. Pris en mêlée, sur les rucks et contre rucks, battus dans les duels et les un contre un, la vitesse, la puissance et le collectif, les Toulonnais ont reçu une leçon de rugby. Après un tel constat, les 16 pénalités contre Toulon (4 contre Toulouse) et les deux cartons jaunes paraissent presque anecdotiqu­es. Ces fautes ne sont que la conséquenc­e avec laquelle Bastareaud et les siens ont paré au plus pressé, voire à l’urgence.

Qu’est-ce qu’ils méritent ?

Anthony Belleau, abasourdi par cette « Fanny » jugeait une défaite de cette ampleur « inconcevab­le ». Battu mais pas abattu pour autant, il notait en guise de paradoxe : « Il faut oublier ce match… et s’en souvenir ». Et de se projeter au week-end prochain où « il faudra rebondir ». Triste et déçu, Guilhem Guirado n’hésitait pas à parler d’ « humiliatio­n » face à un Stade Toulousain qui a récité son rugby alors que les Toulonnais semblaient analphabèt­es. « Une telle correction, c’est difficile à comprendre vu de l’extérieur, c’est encore plus dur à vivre de l’intérieur. On n’a rien produit d’intéressan­t. Il faut se servir de cette leçon pour avancer et présenter notre vrai visage. » Et d’affirmer avec réalisme glaçant : «Il nous appartient d’assurer au plus vite notre maintien. » « On aura ce qu’on mérite, ce qu’on ira chercher. On fera les comptes à la fin » ponctuait Collazo un rien fataliste mais jamais défaitiste. À la fin de cette phase aller, le RCT compte 12 points de retard sur le sixième. La phase retour qui débute par un déplacemen­t compliqué au Racing 92 dès samedi s’annonce périlleuse. Le challenge à relever pour des Toulonnais, qui vont devoir puiser dans leurs ressources mises à mal, n’en serait que plus beau.

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(Photos La Dépêche et AFP) Dominés individuel­lement et collective­ment, les Toulonnais ont sombré à Toulouse.

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