Ils collectionnent et restaurent les jouets anciens

Leur maison est une véritable arrière-salle de grand magasin de jouets. Henri et son beau-fils Frédéric s’entendent comme larrons en foire pour dénicher et restaurer des jouets anciens

Quoi de plus normal que de rendre visite à des collectionneurs et réparateurs de jouets anciens quand rutile encore la période des fêtes ? Mettez-leur un bonnet vert sur la tête et on les prendrait pour des lutins complices du Père Noël... Henri Ferro et son beau-fils Frédéric Souiah ont la passion du jouet chevillée au corps. Une histoire de famille.

Un rêve de Ferrari

Henri, 70 ans, se souvient du jour où il est tombé dedans. C’était une nuit, en fait. « J’avais rêvé de Ferrari. En me réveillant, je me suis dit qu’il serait plus simple d’acheter un modèle réduit. » Ainsi est née sa première collection. Des bolides italiens au 1/43, donc, mais aussi des Dinky Toys, des Citroën, des Jep (Jouets de Paris), des Quiralu. Tous d’excellente facture, d’une finesse et d’une patine incomparables. « Rien à voir avec les jouets en plastique d’aujourd’hui », peste Riri. Fred, lui, garde un faible pour les robots des années 1980, une question de génération. Collectionneurs, OK. Mais réparateurs ? « Quand on se prend de passion, on se renseigne sur la fabrication des jouets. Comment retirer une pièce, la réparer et la remettre en place », explique Henri en montrant sur son téléphone portable les étapes d’assemblage d’un ancêtre en bois du flipper. De fait, Henri Ferro conserve de nombreux livres de documentation car « la collection, c’est 70 % de recherche ». Son beau-fils abonde : « Le plus intéressant, c’est la recherche, c’est comme une chasse au trésor ! » Les pirates en moins, qui vous dépouilleraient pour un jouet rare. Au fait, comment sont les gens dans ce milieu ? « Ce sont des passionnés, mais c’est une passion saine. Certains parlent trop ! », dit Fred en charriant son aîné. « Et celui qui essaie de te rouler ou de te doubler, c’est aussi un passionné ? », répond Henri. Pape du jouet d’antan (pour garçons quasi exclusivement), Henri Ferro a mis le pied à l’étrier à Joël Bachelier. Celui-ci est aujourd’hui le patron de Toymania, l’un des plus grands salons mondiaux du jouet ancien de collection, à Paris - Porte de Maillot. « Des Japonais et des Américains font le déplacement pour un jouet ! Il m’est aussi arrivé qu’un grand restaurateur de jouets de Strasbourg m’appelle pour me demander conseil », avoue-t-il.

Le jouet comme marqueur d’époque

Avec son beau-fils Frédéric, la relève est assurée. Lui aussi voit le jouet comme un marqueur d’époque, une madeleine de Proust. Fred récupère ou rachète à Hyères des jouets dont des particuliers veulent se débarrasser. Ou il les restaure et les rend à ses propriétaires heu-reux ! Si vous avez dans une malle un vieux jouet à rafistoler, vous savez à qui vous adresser.

(Photos Laurent Martinat) Henri Ferro est un spécialiste de la réparation de jouets anciens. Son beau-fils Frédéric Souiah a « hérité » de sa passion. Les deux hommes écument les bourses, à la recherche de la perle rare.

À gauche, un cycliste de fabrication allemande. À dr., un Pinocchio de la société italienne Ingap, daté des années . Comme souvent, ce qui est rare est cher...

Tête en papier mâché, fabrication estimée en .

Jacques Chirac ? Non, vous n’y êtes pas. L’ancien Président n’était pas né quand ce jouet a été conçu...

Ces deux personnages s’interpellent quand on remonte leur mécanique.

Des Lego vintage à assembler en garage automobile. « Nous ne nous intéressons qu’aux jouets de garçons, mais les poupées ont aussi leurs spécialistes ».