Nice : punaise, le parc Phoenix prend la petite bête!
Elles volent, rampent, sautent dans des terrariums géants végétalisés. Mignonnes ou repoussantes, les bestioles du nouvel insectarium sont une mine grouillant de connaissances
«Les gens aiment tout ce qui est mignon et qui répugne… » Christophe Caudet, responsable pédagogique et soigneur animalier, plonge la main dans un énorme bocal cubique et la ressort pinçant délicatement d’énormes cafards noirs. « Des blattes qui soufflent… Elles viennent de Madagascar. Elles soufflent parce qu’elles ont la colère. » Qu’on les repose vite, ces souffleuses bruyantes et qu’on les console avec des oranges, des bananes, des croquettes pour chat. Cette scène étonnante se déroule dans les coulisses de l’insectarium du parc Phoenix. Un espace imaginé par la Ville de Nice, l’Université Côte d’Azur et l’Institut méditerranéen du risque, de l’environnement et du développement durable (Imredd). Un univers qui prend la petite bête, car il regorge d’insectes volants ou rampants. Un monde captivant. L’homme en remet une couche. Il descend carrément dans une cuve et remonte avec un phasme géant. Un genre de sauterelle XXL qui aurait sa place dans un film de science-fiction. Pour la photo, il sort tranquillement, se dirige dans la serre avec sa créature vert fluo posée dans la paume et aussitôt, c’est l’attroupement, l’étonnement, les questions, les vidéos, les selfies.
Ecosystème recréé
À l’origine, cette partie du parc était remplie d’aquariums. Des problèmes techniques ont entraîné un changement d’affectation : « On a décidé de transformer les aquariums en terrariums », poursuit le spécialiste des bestioles. Inédit : « On mélange des espèces dans d’immenses volumes, on cultive nos propres plantes pour les insectes végétariens. On recrée un écosystème adéquat. » Ambiance végétalisée idéale pour recevoir fourmis, punaises, cétoines, phasmes, scorpions, etc. Des espèces d’Afrique, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Malaisie, Thaïlande, Vietnam… Se nourrissant de goyaves, ronces, chênes, lierre, rosiers, cerisiers, etc.
Nursery sous terre
Au fait, comment le parc de l’Arénas se procure-t-il cet étrange bestiaire de l’infiniment petit ? «On achète les insectes à des collectionneurs privés sur Internet, on fait des échanges avec d’autres parcs. On chine… Je me fais envoyer les oeufs ou je me déplace. » Une fois dans les bacs éprouvettes, les oeufs donnent des larves qui prospèrent dans la terre, sous des feuillages… Christophe, la nurse d’une autre dimension, les chouchoute, les élève scrupuleusement. Le voilà qui brandit un gros vers blanchâtre annelé. « Une larve de scarabée… » Sa passion ne s’envole pas. « Ça fait vingt ans que je travaille au parc. J’ai commencé par les insectes. Je les admire, car ils constituent une mine de connaissances. »
Explications de l’Imredd
Connaissances complétées par des panneaux d’information jalonnant le parcours. Les scientifiques de l’Imredd en sont les auteurs. Grâce à leur culture version entomologiste, on en sait davantage sur la coccinelle, « méthode efficace pour lutter contre les pucerons », sur la toile d’araignée « matériau protéique naturel extraordinaire. La résistance à la traction d’un fil de toile d’araignée est supérieure à celle d’un câble d’acier de même dimension… », sur le scarabée éléphant, « l’un des animaux les plus forts du monde, capable de déplacer plus de 600 fois sa propre masse »… Christophe Caudet poursuit ses expériences et ses démonstrations. Puisse ce sympathique pédagogue transmettre encore longtemps son savoir et ne pas finir comme l’inventeur du film La Mouche…