Le Fréjusien avait incendié les portes d’un supermarché niçois «par jalousie»
La morale n’est pas le droit. Ce distinguo apparaît nécessaire avant d’évoquer la condamnation d’Olivier Delgado, 53 ans, par le tribunal correctionnel de Nice. Avant-hier, ce Fréjusien a écopé de deux ans de prison, dont dix-huit mois ferme, pour avoir mis le feu aux portes d’un supermarché niçois. « Des faits d’une extrême gravité », remarque le président Guillaume Saint-Cricq. Ce ne sont pourtant pas ces faits qui suscitent des moues réprobatrices dans la salle d’audience. Mais les raisons de son passage à l’acte. Olivier Delgado, originaire du Nord, reconnaît les faits sans difficulté. Dimanche 2 décembre, à 5 heures, il quitte son domicile varois, fait halte dans une stationservice à Puget-sur-Argens pour remplir « à moitié » un bidon d’essence, et rejoint la capitale azuréenne. Là, il asperge les issues de secours d’un supermarché du centre-ville. L’incendie ne se propagera pas.
Questions de morale
Au centre de supervision urbain, les opérateurs de la Ville ont vu l’incendiaire à l’oeuvre. Ce dernier est interpellé à la sortie de la voie rapide, placé en garde à vue, puis en détention provisoire. Le voici dans le box, apathique, marmonnant des explications à peine audibles ; lui-même souffre de problèmes d’audition, fait valoir son avocate, Me Nathalie Guiraudios. Sa motivation ? L’incendiaire était « jaloux ». Il n’a pas supporté la liaison entre sa belle-fille et le gérant du supermarché où elle était en stage. Delgado a eu une relation consentie avec cette jeune femme de 19 ans. « Vous avez voulu vous venger, observe le président. Ce qu’on voudrait comprendre, c’est comment vous avez pu en arriver là? Votre but, c’était quand même de brûler un magasin entier ! » « Je n’explique pas mon geste » ,assure le prévenu. Si : il a bien « invoqué la morale, au début, parce que le gérant est plus âgé qu’elle ». Le président le rappelle et renvoie l’intéressé à son propre âge. « Est-ce que vous pensez que votre relation avec votre belle-fille est normale ? »
Dix-huit mois ferme
Encore une fois, c’est sur le terrain pénal, et non moral, qu’Olivier Delgado sera jugé. « Les raisons qui l’ont poussé à agir, elles sont les siennes », nuance Me Guiraudios, rappelant que la passion amoureuse peut conduire « n’importe qui à commettre un acte stupide ». Elle remarque qu’il n’y avait pas d’employé, à 6 heures, quand Olivier Delgado a mis le feu. Le quinquagénaire affiche une mine contrite : « C’est un acte de jalousie. Sur le coup, je n’avais aucun scrupule. Si c’était à refaire, je ne le referais pas. » Condamné pour agression sexuelle sur mineur en 2007, puis escroquerie en 2017, Olivier Delgado écope d’une peine conforme aux réquisitions du procureur Clotilde Ledru-Tinseau : deux ans de prison, dont six mois avec sursismise à l’épreuve. Maintenu en prison, il a l’obligation de se soigner, d’indemniser la victime et de rester à l’écart de ce supermarché. À cela s’ajoutent trois mois de prison supplémentaires, le tribunal révoquant un précédent sursis.