Var-Matin (Grand Toulon)

Le Fréjusien avait incendié les portes d’un supermarch­é niçois «par jalousie»

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

La morale n’est pas le droit. Ce distinguo apparaît nécessaire avant d’évoquer la condamnati­on d’Olivier Delgado, 53 ans, par le tribunal correction­nel de Nice. Avant-hier, ce Fréjusien a écopé de deux ans de prison, dont dix-huit mois ferme, pour avoir mis le feu aux portes d’un supermarch­é niçois. « Des faits d’une extrême gravité », remarque le président Guillaume Saint-Cricq. Ce ne sont pourtant pas ces faits qui suscitent des moues réprobatri­ces dans la salle d’audience. Mais les raisons de son passage à l’acte. Olivier Delgado, originaire du Nord, reconnaît les faits sans difficulté. Dimanche 2 décembre, à 5 heures, il quitte son domicile varois, fait halte dans une stationser­vice à Puget-sur-Argens pour remplir « à moitié » un bidon d’essence, et rejoint la capitale azuréenne. Là, il asperge les issues de secours d’un supermarch­é du centre-ville. L’incendie ne se propagera pas.

Questions de morale

Au centre de supervisio­n urbain, les opérateurs de la Ville ont vu l’incendiair­e à l’oeuvre. Ce dernier est interpellé à la sortie de la voie rapide, placé en garde à vue, puis en détention provisoire. Le voici dans le box, apathique, marmonnant des explicatio­ns à peine audibles ; lui-même souffre de problèmes d’audition, fait valoir son avocate, Me Nathalie Guiraudios. Sa motivation ? L’incendiair­e était « jaloux ». Il n’a pas supporté la liaison entre sa belle-fille et le gérant du supermarch­é où elle était en stage. Delgado a eu une relation consentie avec cette jeune femme de 19 ans. « Vous avez voulu vous venger, observe le président. Ce qu’on voudrait comprendre, c’est comment vous avez pu en arriver là? Votre but, c’était quand même de brûler un magasin entier ! » « Je n’explique pas mon geste » ,assure le prévenu. Si : il a bien « invoqué la morale, au début, parce que le gérant est plus âgé qu’elle ». Le président le rappelle et renvoie l’intéressé à son propre âge. « Est-ce que vous pensez que votre relation avec votre belle-fille est normale ? »

Dix-huit mois ferme

Encore une fois, c’est sur le terrain pénal, et non moral, qu’Olivier Delgado sera jugé. « Les raisons qui l’ont poussé à agir, elles sont les siennes », nuance Me Guiraudios, rappelant que la passion amoureuse peut conduire « n’importe qui à commettre un acte stupide ». Elle remarque qu’il n’y avait pas d’employé, à 6 heures, quand Olivier Delgado a mis le feu. Le quinquagén­aire affiche une mine contrite : « C’est un acte de jalousie. Sur le coup, je n’avais aucun scrupule. Si c’était à refaire, je ne le referais pas. » Condamné pour agression sexuelle sur mineur en 2007, puis escroqueri­e en 2017, Olivier Delgado écope d’une peine conforme aux réquisitio­ns du procureur Clotilde Ledru-Tinseau : deux ans de prison, dont six mois avec sursismise à l’épreuve. Maintenu en prison, il a l’obligation de se soigner, d’indemniser la victime et de rester à l’écart de ce supermarch­é. À cela s’ajoutent trois mois de prison supplément­aires, le tribunal révoquant un précédent sursis.

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