Var-Matin (Grand Toulon)

Un Gilet jaune à Paris à grands coups de pédales

- JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

Pas étonnant d’avoir un avis tranché et un esprit aiguisé pour un rémouleur. Franck Delestre, Gilet jaune de la première heure, a quitté Antibes (Alpes Maritimes), hier, pour rejoindre Paris à vélo. Un projet un peu fou, décidé sur un coup de tête. Ce résidant de Vallauris n’a pas attendu l’entame du mouvement, il y a plus d’un mois et demi, pour critiquer le système politique actuel. « Financière­ment, je ne suis pas à plaindre. Moi, je suis dans le mouvement par altruisme. Simplement. Pour ceux qui n’ont pas les moyens de vivre confortabl­ement. Je suis contre tout ce qui se passe, et ça dure depuis 40 ans. » Enfiler un gilet jaune était donc inéluctabl­e pour lui. Hier, Franck est donc parti rejoindre la capitale. Et l’Élysée, plus précisémen­t, où vit un président de la République qu’il aimerait voir quitter les lieux. Pour son premier jour, il est passé par Mougins et le rond-point de la Victoire, puis par Puget-sur-Argens et s’est arrêté au Muy pour dormir. Et chaque jour, son parcours croisera d’autres manifestan­ts. «Je monte à Paris avec mon vélo cargo . J’ai prévu

(1) de m’arrêter à chaque rond-point qui sera sur mon chemin. Si on m’héberge, tant mieux. Sinon, je planterai la tante sur les ronds-points. »

Arrivée prévue le  ou  janvier

Depuis Antibes, donc. Et le rond-point de Provence, lieu de rassemblem­ent local des Gilets jaunes depuis le début du mouvement, cet habitant de Vallauris s’est lancé pour au moins dix jours d’un périple à bicyclette. Soit six heures de petite reine par jour, à raison d’une centaine de kilomètres. Avec une dizaine d’étapes, au minimum, il s’attaque à un véritable défi physique. «J’ai prévu d’arriver entre le 12 et le 13 janvier à Paris. Mais six heures de vélo, pour un cycliste comme moi, ce n’est pas extraordin­aire. » Avec plus de 38 kg à pousser à la seule force des jambes – s’il dispose d’une assistance électrique, il s’agit du poids du vélo à vide – Franck Delestre espère le soutien d’autres manifestan­ts.

« Je n’ai même pas envie de voir le Président »

Notamment lorsqu’il fera étape sur les ronds-points occupés. « Ce n’est pas une idée un peu folle mais je me suis décidé il y a quelques jours à peine. J’ai vu à la télé des gens qui faisaient le tour de France à vélo avant la Grande Boucle l’été. Alors je me suis dit : ‘‘Pourquoi pas moi ?’’. Je suis sur le rondpoint depuis le départ, j’avais envie de bouger. Et peut-être que me voir va en motiver d’autres, ailleurs en France. » Une fois à Paris, Franck Delestre ne sait pas encore ce qu’il fera. « Une fois làbas, je verrai. Je n’ai même pas envie de voir le Président. En fait, j’aimerais beaucoup qu’il dissolve l’Assemblée nationale la veille de mon arrivée. Ce serait parfait. Parce que sa démission, franchemen­t, je n’y crois pas une seconde. » Le cycliste invite donc tous ceux qui le souhaitent à le suivre. 5 minutes, 1 heure, 1 jour, ou bien même d’un rond-point à un autre. Pour qu’ensemble, les Gilets jaunes avancent et continuent de crier haut et fort leur colère et leur ras-le-bol à travers une action originale.

1. Vélo à deux ou trois roues équipé d’une caisse à l’avant qui permet de transporte­r des charges.

 ?? (Photos J. T.) ?? Franck Delestre est parti hier d’Antibes. Après avoir traversé Puget-sur-Argens, il a passé la nuit d’hier à aujourd’hui au Muy.
(Photos J. T.) Franck Delestre est parti hier d’Antibes. Après avoir traversé Puget-sur-Argens, il a passé la nuit d’hier à aujourd’hui au Muy.
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