Var-Matin (Grand Toulon)

« J’ai pris conscience de la nécessité d’être politique» La Garde

Jean-Claude Charlois, maire depuis que Jean-Louis Masson a été élu député, a pris la dimension des contrainte­s de cette nouvelle fonction et se confie sur son évolution personnell­e

- PROPOS RECUEILLIS PAR P.-H. C.

Que retenez-vous de cette première année complète dans le fauteuil de maire ? J’ai pris conscience de la nécessité d’être politique. Et de ne plus être simplement technique. Moi, avec mes antécédent­s de médecin, ma façon d’être et de faire était fortement teintée de respect de la personne humaine et d’empathie. Ce côté politique pur, je commence à le sentir un peu mieux. Mais ce n’est pas évident, je n’ai pas été formé à ça.

Ça veut dire quoi « être politique » ? Ça veut dire qu’il faut tenir compte de données qui échappent aux novices. C’est bien beau d’être sympathiqu­e, mais ce n’est pas forcément ce qui te fait élire. C’est bien beau d’avoir un bon bilan, mais ça ne suffit pas. Il faut avoir en permanence un compteur en tête. C’est-à-dire que, quoi que tu fasses et où que tu ailles, il faut avoir dans l’idée de se demander : « J’ai gagné combien de voix là ? J’en ai perdu combien. » Il faut se débrouille­r pour qu’à la fin de la journée, tu aies gagné plus de voix que tu n’en as perdues.

Vous n’avez pas peur de verser dans la démagogie avec cette optique ? L’année dernière, vous annonciez avoir comme ambition d’être « quelqu’un de bien ». C’est compatible avec cette démarche ? Être quelqu’un de bien, ce n’est pas forcément courir derrière les voix… Mais tu peux courir derrière les voix en restant quelqu’un de bien. C’est ma gymnastiqu­e aujourd’hui. J’ai toujours cette fibre qui me pousse à être en accord avec moimême. Je n’ai pas l’impression d’être un mauvais bougre. Je n’ai pas en mémoire ce que je pourrais considérer comme une mauvaise action. Mais j’ai compris qu’être droit dans ses bottes peut ne pas suffire à se faire réélire. C’est quelque chose dont j’ai pris conscience cette année.

Faut-il en déduire que vous allez vous représente­r en  ? Je vais être très honnête : je me pose toujours la question. Parce que l’essentiel pour moi, c’est d’être au service des Gardéens. Je me consacrera­i au maximum de mon temps, mais ce n’est pas facile. Être conseiller municipal, c’est bonnard. Être adjoint, c’est déjà plus difficile. Mais être maire, ça n’a rien à voir. On endosse toutes les responsabi­lités. Prendre des décisions, ça ne me gêne pas. J’ai fait ça pendant toute ma vie de médecin. Aujourd’hui, vous vous êtes donc adapté à ce mandat de maire ? Oui, mais parce que j’ai appris à prendre du recul. Au début, je me suis investi dans tous les projets. Résultat, je me suis épuisé. Je me suis mis minable ! Aujourd’hui, je travaille avec le directeur de cabinet, le chef de cabinet et le directeur général des services. Les autres, je ne les vois quasiment plus. Ce n’est pas que je ne suis plus à l’écoute, mais je tiens mes adjoints pour responsabl­es des projets que je leur confie.

Où en sont vos rapports avec Jean-Louis Masson ? On peut s’étonner du binôme que vous formez et certains ironisent sur son omniprésen­ce sur les photos officielle­s… J’ai bénéficié cette année de l’aide majeure de mon ami Jean-Louis Masson. Je ne cesse de le dire, en un an et demi, il ne m’a jamais donné un ordre. Ceci dit, il a dixsept ans d’expérience et m’a toujours assuré de son aide et son conseil. Il me donne son point de vue et me laisse trancher.

Comment ça se passe avec les autres membres du conseil ? Ce n’était pas évident. Il y a vingtsept autres membres de la majorité. Il fallait que je fasse mes preuves vis-à-vis d’eux. Ça a pris du temps. Et ça a été facilité par la présence de Jean-Louis Masson. Il y a une deuxième personne qui m’a aidé et qui me donne des conseils, c’est Hubert Falco. Je le dis et je ne l’aurais pas dit il y a un an, mais il a envers moi un comporteme­nt et des attentions très sympathiqu­es.

Ça a fait changer votre regard sur la Métropole ? Vous aviez exprimé des doutes… Oui. Je me suis rendu compte de l’immense difficulté qu’avait pu être la conception de la Métropole. C’est mariole ! Mais ça a bien évolué et je suis plutôt épaté, parce que franchemen­t, il y a un an, je n’étais pas convaincu.

Pourquoi ne siégez-vous pas à TPM? Actuelleme­nt, c’est le premier adjoint, Jean-Pierre Haslin qui représente La Garde. Parce que la loi ne permettait pas à quelqu’un qui n’avait pas eu l’investitur­e métropolit­aine de siéger. Je n’étais pas dans la métropole en tant qu’adjoint, donc je ne pouvais pas prendre un poste. Mais il est fondamenta­l que le maire siège à la Métropole. En , il va d’ailleurs y avoir des réunions d’un nouvel étage métropolit­ain qui ne réunira que les maires. L’administra­tion, c’est quand même quelque chose de particulie­r !

Quels sont les grands rendezvous que vous attendez pour  ? D’abord, on attend la livraison de la résidence Marie-Curie. Il va y avoir aussi le pôle culturel. Le chantier doit être lancé bientôt. On veut que ça soit fait dans l’année. Il va y avoir une salle de spectacle et une salle d’exposition. C’est un très beau projet avec la réhabilita­tion de Gérard-Philipe. L’inaugurati­on du Parc nature, même si le président (du Départemen­t, Ndlr) Giraud veut attendre que la maison de la nature soit terminée… Mais je trouve que ça n’avance pas vite. On étudie aussi la possibilit­é d’acheter une partie boisée du Thouars et la villa Jeanne, au bout de l’avenue Carnot, qui pourrait faire une jolie salle de mariages.

 ?? (Photo Luc Boutria) ?? Jean-Claude Charlois.
(Photo Luc Boutria) Jean-Claude Charlois.

Newspapers in French

Newspapers from France