Maurel en « rupture avec la social-démocratie »
La gauche n’en finit plus de se recomposer, ou de se disperser, comme on voudra… Les anciens socialistes frondeurs Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann ont fondé, le week-end dernier à Valence, la GRS, pour Gauche républicaine et socialiste, en s’associant au Mouvement républicain et citoyen. Emmanuel Maurel et Bastien Faudot en sont les coprésidents, dans une volonté de « nouveau Front populaire ».
Au PS, on vous reproche d’être dans une logique de cabine téléphonique… Au contraire, c’est une logique de rassemblement. On se rassemble d’abord avec un parti qui existait, le MRC, fondé par Jean-Pierre Chevènement. Et puis nous faisons un autre pari, qui est celui de la convergence avec La France insoumise, avec laquelle nous ferons liste commune aux européennes. Au moment où tout le monde pleurniche sur l’émiettement de la gauche, nous essayons justement de donner des preuves de rassemblement. Mais pour rassembler, il faut clarifier. Et pour clarifier, rompre avec une famille, la social-démocratie, qui a failli au niveau européen.
Pourquoi ne pas avoir rejoint directement La France insoumise ? Qu’est-ce qui vous sépare ? Parce qu’il fallait d’abord ramasser le drapeau du socialisme qui était à terre, à l’issue du quinquennat désastreux de François Hollande. Il faut rallumer la flamme. L’idéal dans lequel nous nous reconnaissons, le socialisme républicain, s’est dilué dans le sociallibéralisme et il y a besoin de gens pour porter ce message. Nous avons souhaité créer un parti parce que nous croyons encore que les partis ont une nécessité.
Un nouveau Front populaire, en , cela signifie quoi ? Je pars de l’expérience des « gilets jaunes ». Voilà un mouvement inédit, hétérogène, qui s’inscrit dans une tradition nationale qui est celle de l’insurrection citoyenne, de la révolte populaire. Ses revendications ont une résonance particulière pour nous : l’égalité fiscale, l’approfondissement de la démocratie, la défense des territoires abandonnés, la promotion des services publics. Tout cela fait déjà un programme politique. C’est une plateforme intéressante sur laquelle agréger des mouvements politiques, des syndicats et des mouvements citoyens. Non pas dans une logique de cartel d’appareils, mais de dynamique politique, pour incarner à la fois une alternative au macronisme et préparer la conquête du pouvoir en . Ce nouveau Front populaire, c’est cela : dépasser les cadres existants autour de mots d’ordre fédérateurs.
Votre sentiment sur l’éventualité d’un référendum couplé aux européennes ? Je suis pour la démocratie directe et les référendums réguliers. Mais j’espère que ce ne sera pas comme pour le Grand Débat où le gouvernement choisit les questions et les réponses. Il faut que ce soit le peuple qui décide des questions et des réponses. Si on fait un référendum qui ne parle ni de la fiscalité, ni du pouvoir d’achat, ni des services publics, ni des salaires, ni des retraites, ça ne servira pas à grand-chose. Il ne faudrait pas que ce soit une manoeuvre dilatoire pour sauver un régime à bout de souffle.