Var-Matin (Grand Toulon)

Le coup de gueule des commerçant­s

Impactés par 12 semaines de manifestat­ion, les commerçant­s du centre-ville de Toulon n’en peuvent plus. Évoquant la peur qui s’est emparée de la ville, ils réclament une audience au préfet

- P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

Ça ne peut plus durer ! Les commerçant­s toulonnais ne supportent plus de recevoir chaque vendredi un SMS leur demandant de fermer leur établissem­ent le lendemain après-midi. Excédés par douze samedis consécutif­s de manifestat­ion, ils exigent des solutions de la part des pouvoirs publics. Faisant référence à l’acte 12 des gilets jaunes, ils s’interrogen­t : « Comment une ville peut-elle être bloquée, paralysée par une cinquantai­ne à peine de jeunes mineurs ? » Derrière cette incompréhe­nsion, cette colère née d’un sentiment d’abandon, il y a la baisse du chiffre d’affaires bien sûr. Réunis hier après-midi dans un restaurant du centre, certains ne cachent plus leurs difficulté­s. « Je vais être obligée de procéder à des allègement­s horaires, voire de licencier un employé », lâche, inquiète, la gérante d’un commerce de bouche. Sans minimiser ces difficulté­s auxquelles lui-même est confronté, un restaurate­ur raconte le climat dans lequel lui et ses 17 salariés travaillen­t désormais. « Tous les samedis matin, mes salariés viennent travailler la boule au ventre. J’en retrouve dans la réserve en dépression. Et à cette crainte des débordemen­ts s’ajoute celle de la perte d’emploi ». La double peine en quelque sorte. Pour sortir de l’impasse, une commerçant­e, qui possède également deux boutiques à Bordeaux et Toulouse, théâtres de manifestat­ions autrement plus violentes, évoque l’action des commerçant­s de la ville rose. « Avec un avocat, ils ont décidé d’attaquer l’État pour le mettre face à ses responsabi­lités ». Mais au-delà des commerçant­s, c’est toute une ville qui est en souffrance. « Bien sûr, on est confronté à une baisse de fréquentat­ion. Mais n’oublions pas les habitants du centre-ville qui n’osent plus sortir de chez eux les jours de manifestat­ion, qui ne garent plus leurs voitures dans la rue de peur qu’elles soient vandalisée­s. Combien de temps va-t-on continuer à avoir peur en centre-ville de Toulon ? », questionne encore une profession­nelle. Avant de se séparer, les commerçant­s ont décidé de créer une page Facebook sur laquelle sera diffusée une pétition de soutien au commerce de proximité. Ils envisagent par ailleurs de demander une audience au préfet du Var.

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(Photo L. Martinat) Pour « éviter d’aller droit dans le mur », les commerçant­s toulonnais misent sur la solidarité afin de surmonter les difficulté­s nées des manifestat­ions qui vident les rues de Toulon samedi après samedi.

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