Var-Matin (Grand Toulon)

L’écologie orpheline

- de DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

À côté de la démission très médiatique de l’icône Nicolas Hulot fin août, le départ de Matthieu Orphelin du groupe La République en marche à l’Assemblée s’apparente à première vue à une tempête dans un verre d’eau. Le député, qui n’a rien d’un va-t-en-guerre, est peu connu du grand public et la portée du geste de cet ancien d’Europe Ecologie - les Verts (EELV) ne marquera pas l’histoire du quinquenna­t. Il n’empêche, la défection de ce proche de Nicolas Hulot, déçu lui aussi «des choix politiques du gouverneme­nt», illustre bien l’ambiguïté de la majorité sur la question climatique. Il est loin le temps où, fanfaron, notre Président défiait Donald Trump avec son fameux « Make our planet great again » au lendemain du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris. Beaucoup plus discret sur la scène internatio­nale depuis, Emmanuel Macron a revu ses ambitions à la baisse en France, au point de faire sérieuseme­nt douter ses (rares) alliés écolo. L’interdicti­on du gyphosate ? On verra plus tard.Lataxecarb­one?Finalement­enterrée.Lafindupla­stiqueà usage unique ? Reportée à 2021. Si la transition écologique n’a pas été oubliée dans la lettre du Président aux Français, on ne peut pas dire qu’elle figure parmi les sujets les plus abordés lors du Grand débat national où on parle beaucoup plus volontiers fiscalité, pouvoir d’achat ou institutio­ns. Diluée dans la crise des « gilets jaunes », la bataille pour le climat n’est clairement plus une priorité pour le gouverneme­nt. La confusion autour de la vignette Crit’Air 1 pour les véhicules diesel illustre bien l’embarras du moment. D’un côté, pour soutenir la filière automobile, Bercy pousse pour que les modèles de dernière génération soient éligibles à cette catégorie réservée aux véhicules les moins polluants. De l’autre, Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État à la transition écologique et Elisabeth Borne, ministre des Transports, font barrage au nom de la défense de l’environnem­ent. Réalité économique contre posture idéologiqu­e autour du diesel : cette ligne politique peu lisible ne satisfait en définitive pas grand monde. Paradoxe de la situation, alors que certains prédisent une « marée verte » aux Européenne­s en Allemagne, en Belgique ou aux Pays-Bas, l’encéphalog­ramme des écolos français est désespérem­ent plat avec des intentions de vote qui plafonnent à 8% pour la liste EELV de Yannick Jadot. En 2009, alors que la question climatique était beaucoup moins ancrée dans les esprits, Daniel Cohn-Bendit avait obtenu 16% avec la même étiquette. Allez comprendre.

Diluée dans la crise des «gilets jaunes», la bataille pour le climat n’est plus une priorité pour le gouverneme­nt

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