Le voyage de la mémoire
250 collégiens azuréens ont visité Auschwitz avec émotion
Un soleil trop insolent règne sur Birkenau. Immensité blanche. Baraquements à perte de vue dans la brume. Perspectives de miradors enneigés. De barbelés gelés. Partout. Et ce rail, image emblématique iréelle, qui s’étire comme le fil de la mort où percent quelques oeillets blancs. «Vous allez marcher sur des cendres humaines, dans un endroit imprégné de souffrances» avait prévenu la guide. Par petits groupes, les collégiens découvrent l’horreur, l’inimaginable au camps de Birkenau.
«Une odeur de mort»
«Il y a comme une odeur de mort» glisse Rivka, collégienner à Grasse. Un oncle de ma grand mère a été déportée ici.». Suivre le parcours des déportés débarqués des wagons à bestiau. D’abord la sélection. A gauche, les
plus vaillants. « Ils travaillent dix à douze heures par jour sans presque rien manger. La durée de vie est de trois jours à trois mois». A droite, vers les chambres à gaz. «A ceux qui étaient fatigués on proposait le camion de la Croix Rouge. Ils étaient gazés tout de suite». Pas à pas, dans le froid, on avance vers l’indicible. Les visages se crispent. Les paroles se font rares. «Dans le bâtiment des
«douches» de 200 m2, les familles se déshabillaient, rangeaient leurs affaires dans
des paniers et entraient». Saisies par le Zyklon B, 2000 personnes exterminées en vingt minutes d’agonie atroce. 4800 cadavres par jour brulés dans des fours. «C’est important de mettre des images pour que ce soit plus net, plus fixé dans nos mémoires » souffle Lucas. Un chemin de deshumanisation que le mur de photos de famille des jours heureux rend insupportable.
Clichés du bonheur
«Des clichés du bonheur d’avant retrouvés dans les
malles des déportés» explique le guide. Devant les steles commémoratives, les collegiens forment un arc de cercle. Des gerbes de fleurs sont déposées. Ewan, de Saint Joseph énonce le texte lu par Simone Veil au 60e anniversaire de la Libération et les èlèves de Bellevue un poème très émouvant qu’ils ont écrit. Puis les voix juvéniles des enfants de Risso entonnent le poignant Nuit et Brouillard, de Jean Ferrat. «Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers, Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés, Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants, Ils étaient des milliers...»