« Ligue » de harceleurs : des journalistes mis à pied
Le cyberharcèlement sur les réseaux sociaux laisse des traces : une avalanche de témoignages liés à un groupe créé autour des années 2010, « La ligue du LOL », ont émergé ces derniers jours, mettant en cause des journalistes, des publicitaires et des graphistes. Deux journalistes de Libération (Alexandre Hervaud et Vincent Glad) et un des Inrocks (David Doucet), cités dans l'affaire, ont été mis à pied hier « à titre conservatoire ». Stephen des Aulnois, pour sa part, fondateur du magazine en ligne de culture porno Le Tag parfait , a annoncé, hier, quitter son poste de rédacteur en chef. Le géant de la publicité Publicis a, quant à lui, mis à pied Renaud Loubert-Aledo, alias @Claudeloup. Un article du site de fact-checking de Libération Checknews a révélé, vendredi, l'existence d'un groupe Facebook privé baptisé « Ligue du LOL » (pour « mort de rire »), regroupant une trentaine de journalistes et professionnels de la communication, accusés d'avoir harcelé d'autres journalistes et blogueurs, surtout des femmes et des militantes féministes, dans le petit milieu du Twitter parisien. Plusieurs victimes ont témoigné sur les réseaux sociaux. L'ex-journaliste Capucine Piot a raconté avoir été la cible de montages photo ou vidéo « moqueurs », des critiques récurrentes sur son apparence « pendant des années ». « Ça a été très dur dans ma construction de jeune femme », a-t-elle tweeté. « À chaque thread politique [fil de discussion, ndlr], à chaque gueulante féministe ou contre la grossophobie, je savais que j'allais payer le prix de ma liberté d'expression », atémoigné la militante Daria Marx. Le blogueur Matthias Jambon-Puillet a raconté sur le site Medium des insultes anonymes et des photomontages, dont un pornographique envoyé en son nom à des mineurs. Le youTubeur star Cyprien a également dit avoir été ciblé. Plusieurs membres de cette « Ligue du LOL », aujourd'hui trentenaires pour la plupart, ont tenté de s'expliquer. « J'ai vu que certaines personnes étaient régulièrement prises pour cible mais je ne devinais pas l'ampleur et les traumas subis », a écrit David Doucet, rédacteur en chef web des Inrocks, admettant « deux canulars téléphoniques ». « Je m'en excuse auprès de tous ceux qui ont pu se sentir harcelés, mais je ne peux pas assumer moi-même toutes les conneries qu'ont pu faire des gens à l'époque sur Internet », a déclaré le créateur du groupe, Vincent Glad, pigiste à Libération.
« Histoire de losers »
« Cette #LigueduLol, c'est l'histoire de losers, des mecs qui se gargarisaient de pouvoir se moquer d'autres personnes. Sauf que ces moqueries ont eu un impact dans le réel », a condamné le secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi dimanche sur BFMTV. « J'aimerais que vous fassiez état de vos regrets, de vos excuses, du début d'une prise de conscience et j'aimerais que vous démissionniez et que vous encouragiez la candidature de consoeurs (féministes) », a demandé sur Twitter la journaliste Florence Porcel, victime de cette « ligue » et intimidée « physiquement » sur son « lieu de travail ».