Var-Matin (Grand Toulon)

Arlequin, lauréat du spectacle magique de l’année

Ce magicien varois natif de Toulon vient de recevoir une récompense nationale pour son spectacle Le Gardien des bonbons, qui mêle habilement théâtre et tours. Rencontre

- VALÉRIE PALA

Deux statues en forme de colombes gardent l’entrée de sa maison : pas de doute, on approche de la demeure d’un magicien. La magie, Arlequin est tombé dedans quand il était tout petit. Dans l’univers féerique du magasin de jouets de son paternel, tout d’abord, Aux bébés de France, cours Lafayette. Et par le hasard d’une boîte avec des tours, qu’on lui offre à l’âge de 9 ans. À 60 ans, après 40 ans de carrière, il a reçu une très belle surprise : son spectacle Le Gardien des bonbons vient d’être élu spectacle de l’année 2018-2019 par la Fédération nationale des magiciens de France.

Pour les CE et les milliardai­res

Alors oubliés les quelques rendez-vous manqués : La Dernière séance d’Eddy Mitchell qui fait appel à lui, après une rencontre avec le chanteur à Saint-Tropez, avant d’arrêter la séquence où il devait intervenir. Ou encore l’émission d’un autre magicien, Gilles Arthur qui est déprogramm­ée avant son passage. On l’a vu dans plusieurs séries télévisées, des Yeux d’Hélène ,à Camping Paradis... et comme tout bon prestidigi­tateur, il peut surfer d’une salle des fêtes, à une soirée pour milliardai­res. « Ça fait 40 ans que je vis grâce à mon métier. Vivre d’une passion, ça, c’est génial, se réjouit-il. J’ai eu la chance d’avoir un père qui était aussi fou que moi, un peu artiste en tout cas, et qui m’a soutenu, contrairem­ent aux parents de certains copains, qui n’ont jamais voulu qu’ils deviennent magiciens. » À 15-16 ans, il commence par la scène, bien avant les tours de cartes plus intimistes (close up pour les initiés). Les anneaux chinois, les cordes d’abord, comme un certain David Copperfiel­d au même âge, les colombes aussi. Puis, les shows de grandes illusions : la femme coupée en morceaux, la lévitation, disparitio­n... n’ont plus de secrets pour lui. Il fait encore aujourd’hui la Malle des Indes (il faut sortir d’une malle fermée), version rapide, pour un public moderne.

La sorcière voleuse de bonbons

Mais on n’est pas d’accord avec lui quand il dit que tout ça, c’est démodé. Il paraît que maintenant les gens aiment une histoire, sans vouloir trop chercher à comprendre les tours. C’est ce qui vaut son succès au Gardien des bonbons, véritable pièce de théâtre bourrée de tours de magie, qu’il interprète avec sa complice à la scène, comme à la ville, sa femme Valérie. Pour info, il y a plus de 20 ans, elle démissionn­ait de son poste de fonctionna­ire pour participer, « tétanisée », raconte-telle, à son premier tour de magie de la femme coupée morceaux ! Cette histoire de sorcière Merlette invisible qui passe voler les précieuses marchandis­es du gardien de bonbons, réussit le pari de fonctionne­r sur les petits et les grands (1). Après avoir monté une quinzaine de spectacles pour OK Corral ces dernières années, Arlequin était enfin libre de retrouver la route. Ce qui lui a permis de faire remarquer sa pièce à Avignon, puis au théâtre du Gymnase à Paris. Le couple est maintenant en partance pour Rouen, « ce sont de jolies aventures, il y a des spectacles qui nous remplissen­t », explique Valérie.

Être soi-même

Aux jeunes magiciens, qui sont tentés d’imiter leurs idoles, il conseille plus que jamais « de faire à leur sauce », d’être ouverts « d’aller voir autant des pièces de théâtre que la Foire de Marseille... de prendre des cours de théâtre », et aussi de « conserver une autre activité », comme lui qui fut vendeur de jouets, tant que sa passion ne l’a pas fait vivre. Devenu président de la fédération des magiciens du Var, Arlequin -qui a été aussi le créateur du festival de magie La Valette-, assure que le monde de la magie est moins fermé qu’avant, grâce à Internet en partie, et aux magasins de magie, qui n’existaient pas à ses débuts. « Je me suis fait avec des bouquins que je commandais, explique-t-il. C’était pas évident, il fallait trois jours pour déchiffrer un tour...». Grâce à lui, on a un peu appris l’envers du décor. Que les tours s’achètent, la plupart du temps, -il en a aussi inventé plusieurs. Ce qui n’enlève rien à la fascinatio­n qu’exerce cette passion sur un public qui dépasse de plus en plus le stade de l’enfance. 1. Avec aussi Mademoisel­le Clafoutis, interprété­e par Céline, leur fidèle complice, qui fait partie de la troupe. On verra Arlequin le 30 avril, dans un autre de ses spectacles au Room city, à Toulon, où il interprète tour à tour un parrain corse, super nanny, un savant fou .... avec à chaque fois un tour de magie à la clé. A 21h, Tarif de 14 à 18 euros. Pass 5 personnes, 50 euros. www.room-city.fr

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(Photo Valérie Le Parc) Arlequin magicien depuis  ans, et sa femme Valérie qui joue également dans ce qui est bien plus qu’une pièce de théâtre.

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