Le plaidoyer de Macron pour « réinventer » la PAC
Emmanuel Macron a promis « de ne rien lâcher » pour promouvoir l’agriculture française et plaidé pour une Politique agricole commune (PAC) « réinventée » hier au salon de l’Agriculture, où il a été accueilli avec bienveillance, même s’il a dû répondre à l’inquiétude de nombreux agriculteurs. Arrivé peu avant 9 heures dans la « plus grande ferme de France », le chef de l’État a appelé les Européens à s’unir derrière leur agriculture, en soulignant que « sans la PAC, les consommateurs européens ne bénéficieraient pas d’une alimentation accessible et de qualité ». Dans un discours de près d’une heure, le président s’est présenté comme «un patriote » bien décidé à «ne rien lâcher » pour défendre l’agriculture française, proclamant : « Je crois dans la force du modèle français. » « L’Europe agricole aujourd’hui est menacée de l’extérieur », face aux grandes puissances comme la Russie, la Chine ou les États-Unis, mais aussi de « de l’intérieur », a-t-il estimé, plaidant pour « réinventer » la PAC afin d’assurer « la souveraineté alimentaire, environnementale et industrielle » du continent européen, alors que les négociations pour élaborer la future PAC viennent de commencer. Surtout, « une part significative de la PAC » devra « être consacrée à l’environnement », a-t-il affirmé, en préconisant de rémunérer les « services environnementaux » rendus par les agriculteurs.
Un suicide tous les deux jours
Il a aussi rappelé son engagement à interdire d’ici trois ans l’usage du glyphosate. Selon lui, le vignoble français peut devenir le premier vignoble au monde sans glyphosate. « On va attendre les actes, mais il semble avoir compris la problématique agricole », a réagi Samuel Vandaele, du syndicat des Jeunes agriculteurs. Reste que si les agriculteurs français attendent beaucoup de la PAC, ils ont aussi des demandes immédiates : vendre leurs produits à des prix qui leur permettent de vivre ; investir pour avoir des exploitations plus écolos ; et ne plus être sans cesse critiqués, ce qu’ils nomment l’« agribashing ». « Je n’ignore rien des difficultés du quotidien » des agriculteurs, « néanmoins je constate avec vous que parce qu’il y a eu une mobilisation collective, [...] les choses sont en train de s’améliorer », a estimé Emmanuel Macron dans son discours. La veille, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume avait déploré « qu’il y ait encore un agriculteur qui se suicide tous les deux jours ».