Var-Matin (Grand Toulon)

Signé Roselyne

- Le regard de Roselyne Bachelot sur l’actualité edito@nicematin.fr

Lundi

L’agression injurieuse dont a été l’objet Alain Finkielkra­ut et la profanatio­n du cimetière juif de Quatzenhei­m surviennen­t après de multiples profanatio­ns antisémite­s qui inspirent le dégoût et la sidération. Ces errements abjects auront-ils au moins l’avantage d’une prise de conscience ? Certes, la manifestat­ion de la place de la République regroupe ce soir environ   personnes, et on peut y ajouter quelques milliers dans certaines villes de province. J’avais rêvé de voir rééditée la marche républicai­ne contre le terrorisme, qui avait compté près de quatre millions de participan­ts en janvier . Hélas, nous sommes aujourd’hui bien loin d’un mouvement de masse. Il faut avoir la lucidité de constater que nombre de Français, sans être apparemmen­t antisémite­s, s’accommoden­t de l’antisémiti­sme. Pire, il reste un poison tapi au fond de coeurs toujours trop nombreux.

Mardi

Alexandre Benalla a été placé en

détention provisoire pour n’avoir pas respecté le contrôle judiciaire qui lui interdisai­t de prendre contact avec le policier Vincent Crase dans l’enquête sur les violences du er mai dernier place de la Contrescar­pe. Ce contact avait été enregistré à l’insu des intéressés et révélé par le site Mediapart. Si Mediapart était parfaiteme­nt fondé à refuser d’indiquer quelles étaient ses sources, les juges sont, eux, légitimes à investigue­r sur les conditions du guet-apens tendu aux deux comparses. S’agit-il d’un proche soucieux d’apporter son concours à la justice (!), l’écoute ne serait pas alors illégale, ou s’agit-il d’une barbouzeri­e clandestin­e – française ou étrangère – poursuivan­t une machinatio­n politique, auquel cas nous serions au coeur d’un complot d’une gravité exceptionn­elle. Il est impératif que toute la lumière soit faite en ce domaine.

Mercredi

Pour un peu, cet Alexandre Benalla me ferait de la peine. Un gamin de banlieue de  ans rentre à l’Élysée dans le sillage de l’homme qu’il a

protégé durant sa campagne et « pète les plombs », persuadé de faire partie des maîtres du monde. J’en ai connu de plus amarinés – ministres ou hauts fonctionna­ires – être saisis alors par une sorte de folie. L’affaire, puisqu’il est convenu de la nommer ainsi, paraît pourtant assez insignifia­nte si l’on veut bien considérer les errances de la Ve République. Jetons un voile pudique sur les machinatio­ns plus ou moins louches qui ont été le fait de tous ses présidents sans exception. Quant au simple manque de jugement, les prédécesse­urs d’Emmanuel Macron n’ont pas fait dans la dentelle. Nicolas Sarkozy a nommé secrétaire général de l’Élysée, puis ministre de l’Intérieur un homme qui piquait dans les caisses de l’État, et fait confiance à un conseiller qui enregistra­it en douce leurs échanges. François Hollande, lui, a choisi comme ministre du Budget un fraudeur fiscal maintenant condamné, et comme secrétaire d’État au Commerce extérieur un homme rétif à déclarer ses revenus… On ne saurait bien entendu alléguer des turpitudes de certains pour en excuser d’autres, mais ces histoires montrent bien la fragilité des hommes et des femmes de pouvoir, qui sont

comptables du moindre méfait de leurs proches aux yeux de l’opinion.

Jeudi

Nous savons bien que les discussion­s entre les organisati­ons patronales et les syndicats de salariés n’attirent pas vraiment les foules. Pourtant, l’échec des négociatio­ns sur l’Assurance-chômage est vraiment une très mauvaise nouvelle. Il y avait le feu à la maison Unedic, avec  milliards d’euros de dettes accumulées. Néanmoins, les deux parties se sont montrées sous leur plus mauvais jour. D’un côté des syndicats – y compris la sage CFDT – se refusant à tenir compte des réalités financière­s du régime pour amender le système d’indemnisat­ion, de l’autre des entreprise­s qui usent et abusent des contrats courts – un tiers de contrats à durée déterminée ne durent qu’une journée – et refusent des mécanismes de régulation type bonus-malus sur la cotisation chômage des employeurs, une des propositio­ns de campagne d’Emmanuel Macron. Entre la démocratie élective et la démocratie participat­ive, certains avaient

espéré que notre pays pourrait trouver une voie médiane où les corps intermédia­ires soient force de régulation et de modernisat­ion. Caramba, encore raté. La ministre du Travail a donc indiqué qu’on trancherai­t les choses par décret. Le dialogue social est bien à l’agonie…

Vendredi

Demain, le président de la République inaugurera le Salon de l’agricultur­e. Les agriculteu­rs sont de moins en moins nombreux et de plus en plus congratulé­s par les politiques, comme si ces derniers tentaient vainement de s’excuser de tous les mauvais coups qu’ils leur portent. Mais le pire est à venir avec ce qu’il est convenu d’appeler l’agricultur­e cellulaire. Les produits telle la viande ne proviendro­nt plus directemen­t des animaux mais de culture de cellules in vitro. Plus de vaches dans les champs, plus d’étables, plus de paysans. Tout cela sera remplacé par de gigantesqu­es complexes industriel­s qui fabriquero­nt des escalopes et des steaks plus vrais que nature. Dire que l’agrochimie, la finance, les végans, les écolos et les défenseurs de la cause animale marchent main dans la main pour nous proposer ce monde terrifiant…

Samedi

Mais oui, c’était possible… Une semaine sans parler des tribulatio­ns des « gilets jaunes » !

« Dans les négociatio­ns sur l’Assurancec­hômage, syndicats et entreprise­s se sont montrés sous leur plus mauvais jour. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France