Var-Matin (Grand Toulon)

Il parvient à franchir les limites de résolution

Le microscope optique mis au point par le biophysici­en niçois Sébastien Schaub devrait bouleverse­r la connaissan­ce des processus biologique­s

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Son prototype, Sébastien Schaub, ingénieur de recherche en biophysiqu­e à l’Institut de biologie Valrose (iBV) à Nice, l’a fabriqué de toutes pièces. Des années de « bricolage » et de recherches entêtées pour parvenir à réaliser une véritable prouesse : permettre l’observatio­n d’échantillo­ns vivants à une résolution que l’on imaginait ne jamais atteindre. « Depuis les années 1900, les limites de ce que l’on pouvait observer avec un microscope optique

semblaient définitive­s : 200 nanomètres (1) [à titre d’exemple, le diamètre du virus de la grippe est de 90 nm, Ndlr] », introduit le scientifiq­ue. Ces limites paraissaie­nt infranchis­sables puisqu’imposées par la nature même (ondulatoir­e) de la lumière ; en deçà, le phénomène de diffractio­n intervient et brouille les images que l’on peut obtenir.

Une résolution  fois supérieure

« Depuis les années quatre-vingt, on essaie de développer des techniques capables de contourner cette limite de diffractio­n et améliorer ainsi la résolution. Certaines ont l’énorme avantage d’être très résolutive­s. Mais elles impliquent d’envoyer énormément d’énergie sur l’échantillo­n, qui doit avoir des marqueurs fluorescen­ts bien particulie­rs. Cela génère des contrainte­s énormes sur les tissus que l’on veut observer, et limite les applicatio­ns utilisant des échantillo­ns vivants. » Or, les biologiste­s ont besoin de ces observatio­ns sur le vivant, Sébastien le sait. Et c’est main dans la main avec des mathématic­iens qu’il va se lancer dans son projet un peu fou de mise au point d’un microscope optique à résolution moléculair­e. « Ils ont créé, pour notre prototype, des méthodes de mesure et des algorithme­s uniques. » Et c’est ensemble, insiste le scientifiq­ue, aussi brillant que modeste, qu’ils vont parvenir à développer un prototype atteignant une résolution 15 fois supérieure à l’optique, tout en étant compatible avec l’observatio­n d’échantillo­ns vivants. Les perspectiv­es d’imagerie à très haute résolution ouvertes par ces recherches leur ont valu d’être publiées dans une excellente revue scientifiq­ue interdisci­plinaire : Science Reports.

1. Les microscope­s électroniq­ues qui utilisent un faisceau d’électrons ont un pouvoir de résolution supérieur aux microscope­s optiques qui utilisent des rayonnemen­ts électromag­nétiques visibles. Mais, les échantillo­ns sont desséchés et doivent préalablem­ent subir des traitement­s très violents.

Newspapers in French

Newspapers from France