Enfin un coin de ciel bleu
Fraîcheur et victoire au Stade de France ! Le XV tricolore, encore convalescent mais joueur sous l’impulsion de ses jeunes pousses, a relevé la tête hier après deux défaites en battant l’Ecosse
Evidemment, il faut se garder de tirer des conclusions définitives sur un éventuel renouveau des Bleus après le succès d’hier (27-10) face au XV du Chardon, trop diminué par l’absence de six titulaires, dont ses deux facteurs X derrière (Finn Russell et Stuart Hogg), pour espérer s’imposer à SaintDenis pour la première fois depuis 20 ans. Dans deux semaines, l’Irlande, chez elle à Dublin, sera un adversaire autrement plus redoutable et un révélateur bien plus fiable de la situation de ce XV de France, à sept mois de la Coupe du monde au Japon (20 septembre-2 novembre). Un XV de France encore friable, comme en témoigne sa dernière demi-heure avant de marquer ses deux derniers essais, où il a plié sous les assauts écossais, mais sans rompre. Parvenant, par son courage en défense, ici par un plaquage de Gaël Fickou (56’), là par un autre de Yoann Huget (70’), à éviter d’encaisser un essai qui aurait fait ressurgir les démons des récentes victoires échappées au Stade de France.
Paris gagnés
Mais joueurs comme spectateurs de l’enceinte de Saint-Denis, quasiment pleine pour la première fois depuis un an, ne devraient pas bouder leur plaisir d’un premier succès dans le Tournoi après les deux revers inauguraux. Invraisemblable face au pays de Galles (24-19), dans cette même enceinte après avoir dilapidé un avantage de seize points, puis dans les grandes largeurs en Angleterre (44-8). Cette victoire éteint d’abord le spectre d’une première Cuiller de bois dans le Tournoi depuis 1957, et vient un peu alléger la chape de plomb qui pèse au-dessus des Bleus. Elle vient également valider les changements opérés cette semaine par les joueurs qui, afin de mieux se concentrer sur ce match sous haute pression, avaient obtenu que la composition soit avancée de 48 heures, au mardi, et une réduction du temps passé devant les médias. Souhaitant se recentrer sur leurs performances et se resserrer autour de leur capitaine Guilhem Guirado - auteur d’un plaquage dévastateur donnant le ton des intentions françaises (22) - ils ont également réactivé et formalisé un « conseil des joueurs », chargé de faire le lien avec l’encadrement. Pari gagné, donc, comme pour le sélectionneur Jacques Brunel, qui a décidé de mettre à l’écart ses demis d’expérience Morgan Parra et Camille Lopez pour lancer une charnière d’avenir jeune et fougueuse composée d’Antoine Dupont (22 ans) et Romain Ntamack (19 ans). Les deux pépites du Stade Toulousain ont totalement répondu aux attentes, dynamisant le jeu et prenant des initiatives pour mettre l’équipe dans l’avancée.