Var-Matin (Grand Toulon)

Bienvenue dans la légende

Le Faron, point final du Tour du haut Var cet après-midi, une montée mythique ? Les cyclistes répondent oui. Aimar, Caritoux, Virenque, Peraud en parlent avec leur coeur

- ITINÉRAIRE HORAIRE (*) GUILLAUME RATHELOT

Le Faron ? C’est l’Alpe d’Huez varois ! » Richard Virenque ne rigole qu’à moitié quand il évoque la montagne toulonnais­e. « Bon, il manque quelques kilomètres », convient le Varois, ancien grimpeur préféré des Français. Ce qu’il veut dire, c’est que le Faron est une légende du cyclisme. « Plein de grands coureurs comme Dotto, Gil, Salvador, Gaul, Bahamontes, Anquetil, Merckx s’y sont illustrés ou y ont gagné. De ce fait, c’est devenu une légende », appuie Lucien Aimar, qui y a lui aussi cumulé les victoires avant d’y organiser le Tour Med pendant trois décennies.

« Ça t’accompagne toute ta carrière »

Non pas que l’ascension fasse peur au peloton, d’autant plus qu’il emprunte désormais le sens de circulatio­n (c’est bien plus dur de l’autre côté). Mais « c’est un passage obligé », continue Aimar, parrain de la troisième étape du Tour du haut Var aujourd’hui. « Le cyclisme en Provence, sans le Faron, c’est une saison pas accomplie... Sur le plan internatio­nal, il y a toujours un côté mythique quand on y vient. » Peut-être parce qu’on se souvient facilement des vainqueurs. Voix du vélo français, le speaker Daniel Mangeas – toujours présent ce week-end – ne les oublie pas : les Poulidor (« enfant, je lisais ça dans le journal »), les Jean-Claude Bagot (« mon voisin, qui s’impose en 1984 »), les Caritoux... « Gagner au Faron, ça t’accompagne toute ta carrière. C’est un peu comme l’Alpe d’Huez : on cite toujours le lieu quand on parle de cette victoire, ce qui n’est pas souvent le cas, même pour des étapes du Tour de France, explique l’homme au micro. Celui qui s’impose aujourd’hui, je le présentera­i toute la saison comme “vainqueur au Faron”. » Ce qualificat­if a longtemps accompagné David Moncoutié, capable de lever les bras alors qu’il attaquait la pente en dernière position dans le peloton. Il convient aussi à son rival de la fin des années 2000, JeanChrist­ophe Peraud.

« Ce n’est pas une loterie »

« Ahhhh ! C’est une belle idée », s’enthousias­me l’ancien grimpeur quand il apprend que le Faron revient au calendrier, cinq ans après sa victoire au Mémorial. Et qu’il aura enfin un successeur : un grand nom du cyclisme, sans doute. « Pour venir gagner là-haut, il faut avoir envie de se battre. Être en bonne condition. Mettre ça dans son programme. Ce n’est pas une loterie », affirme Lucien Aimar. Aussi bizarre que cela puisse paraître, Richard Virenque n’y a jamais triomphé. « Ça arrivait souvent pendant la reprise, il fallait avoir de la caisse, voire sacrifier une partie de la saison pour le Faron », justifie l’ancien grimpeur. De la caisse, mais pas que. J.-C. Peraud : « La première partie est assez large. Ça monte crescendo, ce qui permet de se replacer. Puis après un virage à droite, ça devient un chemin de chèvres. La course commence là!»

« Ne pas attaquer trop tôt »

Comme le rappelle Daniel Mangeas, tout se joue dans les deux derniers kilomètres, théâtre de multiples renverseme­nts de situations. Eric Caritoux ne le sait que trop bien : « La première fois que je l’ai monté, c’était sur le Tour Med.

J’étais néo-pro. Je m’étais échappé, mais j’avais fini troisième, c’est un beau souvenir. La deuxième année, j’ai commis la même erreur, d’attaquer trop tôt. Et la troisième, j’ai attendu les derniers kilomètres et j’ai gagné ! » Qui inscrira son nom au palmarès aujourd’hui ? Beaucoup misent sur Romain Bardet, Pierre Rolland ou Thibaut Pinot. Tiens, d’ailleurs, ces deux derniers ont déjà triomphé à l’Alpe d’Huez...

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