Balade architecturale dans les Alpes-Maritimes et le Var
Le dernier hors-série du groupe Nice-Matin, intitulé Architectures d’exception, vous invite à découvrir quelques-unes des créations architecturales les plus emblématiques de notre région
Parler d’architecture, c’est parler de vie. Celle des villes, celle des gens qui y vivent. C’est parler d’histoire, aussi. Ancienne et récente. Grande et petite. Depuis qu’il a pris un outil en main, l’être humain s’est attaché à bâtir. Pour s’abriter, protéger sa famille. Pour marquer un lieu et un temps, aussi. Qui, mieux que les bâtiments qui nous entourent, racontent nos villes, nos villages, leur histoire, gravée dans ces pierres ? Sur la Côte d’Azur, surtout, où le monde entier s’est installé et a eu envie de construire, de laisser une empreinte durable sur nos rivages. Voilà pourquoi nous avons souhaité, dans le numéro hors-série de Nice-Matin/Var-matin qui vient de sortir (1), revisiter quelquesunes des architectures d’exception des Alpes-Maritimes et du Var. Bien sûr, tous les édifices remarquables – il y en a tant dans nos deux départements – ne figurent pas dans ces pages. Il a fallu faire des choix. Certains s’imposaient, incontournables. D’autres sont subjectifs, coups de coeur assumés.
Des « folies » de la Belle Époque au Palais Bulles
« Une ville sans ancrages architecturaux perd son âme » , nous déclare, dans l’interview qu’il nous a accordée pour ce magazine, Bernard Asso, président du CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement) des Alpes-Maritimes. Dans nos territoires, cette âme transparaît au travers de toutes les réalisations de cet « art magique », ainsi qu’il le nomme, qu’est l’architecture. Des châteaux, des villas, des musées, des palaces, de l’architecture industrielle et de l’habitat collectif, autant de constructions qui racontent une région et son évolution. Se promener le nez en l’air dans nos villes ou nos collines, au bord de mer ou à l’intérieur des terres, permet de découvrir ces merveilles créées par des bâtisseurs parfois un peu fous, souvent inspirés, soucieux de grandeur, de beauté, d’originalité et de démesure. Peu d’endroits dans le monde peuvent s’enorgueillir d’une telle diversité de styles, d’inspirations. Parfois discutables, mais qui ne laissent jamais indifférent. Il y a eu la Belle Époque, les Années Folles et les « folies architecturales » conçues et construites sur une Côte d’Azur où rien n’était interdit si on avait de l’argent et du panache. D’inspiration baroque ou Renaissance, florentine ou écossaise, mauresque ou russe, ces châteaux et villas naissaient de l’envie et des rêves d’aristocrates caractérisés par des fortunes souvent sans limite et l’envie de laisser une trace prestigieuse. Le Château de l’Anglais ou le Château Valrose, à Nice, en témoignent, comme le Château Vallombrosa à Cannes ou la villa Ephrussi de Rothschild à SaintJean-Cap-Ferrat. Sans oublier le Negresco à Nice ou les palaces de la Croisette à Cannes. Il y eut ensuite l’Art Déco, puis l’architecture moderne inspirée du minimalisme d’un Le Corbusier. La Villa Noailles à Hyères en est un exemple. Il y eut encore, au tournant de l’après Deuxième Guerre mondiale, puis des années soixante et suivantes, une architecture plus soucieuse de fonctionnel que de panache. Et plus contrainte par une réglementation exponentielle. La Frontale du port à Toulon, le site IBM de La Gaude (Alpes-Maritimes) en témoignent. Il y a enfin, de nos jours, le souci des municipalités et des urbanistes de revenir à des gestes architecturaux forts, marquants, de ceux qui contribuent à l’identité d’une ville. Marina Baie des Anges à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), la Tête Carrée de Nice, la Tour Odéon de Monaco ou le musée Cocteau de Menton nous en parlent. Et puis il y a les inclassables, comme le Palais Bulles de Théoule-sur-Mer, avec ses rondeurs tapies dans les rochers de l’Estérel, ou le Château Diter de Grasse, délire néo-florentin menacé des foudres de la justice... Palais, châteaux, villas, gratteciel ou équipements collectifs... C’est tout cela que nous vous convions à découvrir ou redécouvrir, pour mieux comprendre une région à nulle autre pareille, dont les pierres et le béton nous parlent de voyages et de coups de foudre, de passions et de génie. Bonne promenade.
Une ville sans ancrages architecturaux perd son âme ” Bernard Asso, président du CAUE des Alpes-Maritimes