Thibaut Pinot en patron
Le Tour du haut-Var s’achevait hier sur le toit de Toulon. Des centaines de spectateurs avaient pris place dans les lacets pour assister à ce bel événement sportif et populaire
Avant d’être une vue, le Faron est d’abord une ascension. Un chemin plus encore qu’une destination, un voyage plus qu’une ligne d’arrivée pour les amateurs de dénivelés et de panoramas ébouriffants. Hier après-midi, c’est cette double perspective, celle « d’y monter » en même temps que de voir transpirer sous les pins d’Alep les meilleurs cyclistes français, qui avait attiré des centaines de spectateurs dans les lacets de calcaire. Dès l’heure du déjeuner, votre aimable serviteur s’est ainsi attaché à gravir un à un les 496 mètres où culmine le juge de paix du Tour du Haut-Var pour assister à la grande explication entre Thibaut Pinot et Romain Bardet. C’est, sans surprise, les jambes tremblantes et le souffle coupé que s’est d’ailleurs laissée découvrir la pente intransigeante du géant toulonnais.
Une belle ambiance «à la varoise»
Mais à coeur vaillant, rien d’impossible : certes impressionnant, il ne s’agissait là, après tout, que d’un saut de puce en téléphérique. Pour atteindre le toit de Toulon, la cabine rouge est depuis toujours l’un des moyens de transport préférés des touristes comme des locaux… ou des journalistes. Et si certains montent au Faron comme d’autres vont à confesse, il faut bien avouer qu’on a affaire là avec autre chose qu’un pont de chemin de fer. Et que les plus beaux pourcentages du raidillon, aux premiers mollets venus, ne s’offriront jamais. Logiquement, des dizaines de cyclistes amateurs avaient par contre décidé de participer à la fête. « Tranquillou bilou » comme Patrick et Jonathan, père et fils, ou « à fond, à fond » comme Evan, 15 ans, affichant ses rêves de professionnalisme et un temps bluffant de 17 min sur la grimpette depuis les Jardins du Las. Dans cette transhumance dominicale sportive ou motorisée, reconnaissons au grand défilé des braquets, maillots colorés et jambes épilées, le mérite d’avoir assuré un spectacle permanent. Pour le reste, marcheurs, amoureux des week-ends en famille ou des promenades au soleil faisaient le nombre. Le grand nombre. Sans stress, sauf celui, pour Michel et Mia en mode piquenique, de débusquer un tirebouchon. Le cyclisme, c’est bien, mais des dizaines de glacières rappelaient tout de même que sans fringale, c’est mieux ! Côté ambiance, on a longtemps cherché le virage des Hollandais ; on a surtout trouvé le visage des Toulonnais. Pas de ferveur alpestre, de défilé de campingcars ou de ventripotent cavalant derrière les coureurs (ouf !) mais une belle atmosphère pépère à la varoise, tout en sourires et galéjades. Et quand à 16 h 30, les demi-dieux du « tout carbone » ont fait leur apparition sur l’asphalte bégayant, ce fut une claque en un éclair, sous un tonnerre d’encouragements. S’il est vrai que le Faron ne sera jamais le Mortirolo ou le Galibier, qu’il ne convoquera le mythe qu’à condition qu’une certaine course décide un jour de s’y aventurer en juillet, l’essentiel était sans doute ailleurs. N’en déplaise à Thibaut et Romain, plus qu’un duel épique, ce sont aussi les joyeuses retrouvailles des Toulonnais avec leur mont qui ont été célébrées hier. Retrouvez le résumé de l’étape en pages Sports