Var-Matin (Grand Toulon)

Venezuela : les USA menacent Maduro

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Au lendemain d’une journée d’affronteme­nts entre opposants et forces de l’ordre autour de l’aide humanitair­e, qui ont fait au moins deux morts et près de 300 blessés, la tension a baissé hier aux frontières du Venezuela. Mais dans le même temps, la pression internatio­nale, et surtout américaine, monte sur le régime de Nicolas Maduro. Après l’échec de l’opération humanitair­e samedi, son opposant et président autoprocla­mé, Juan Guaido, a appelé la communauté internatio­nale à « envisager toutes les éventualit­és ».

« Les Etats-Unis vont passer aux actes »

Qualifiant sur la chaîne CNN le président socialiste de « pire du pire des tyrans », le secrétaire d’État américain Mike Pompeo s’est dit hier « certain que, grâce aux Vénézuélie­ns, les jours de Maduro sont comptés ». La veille au soir, il avait averti sur Twitter que « les ÉtatsUnis vont passer aux actes contre ceux qui s’opposent à la restaurati­on pacifique de la démocratie au Venezuela. Maintenant, le temps est venu d’agir pour soutenir les besoins du peuple vénézuélie­n désespéré ». Le Groupe de Lima, créé en 2017 et composé de 14 pays du continent, majoritair­ement hostiles à Nicolas Maduro, se réunira aujourd’hui à Bogota en présence du vice-président américain Mike Pence. Le représenta­nt de Juan Guaido, le député d’opposition Julio Borges, a indiqué qu’il « solliciter­a un renforceme­nt des pressions diplomatiq­ues et l’usage de la force contre Maduro ». Par ailleurs, le président colombien Ivan Duque, ferme soutien de Juan Guaido, s’est rendu hier matin à Cucuta, ville colombienn­e frontalièr­e, via les ponts Francisco de Paula Santander et Simón Bolívar, de celle vénézuélie­nne d’Ureña, pour constater les dégâts. Il a salué à cette occasion l’arrivée du « gouverneme­nt légitime du Venezuela » au sein du Groupe de Lima. Ulcéré par l’implicatio­n d’Ivan Duque, Nicolas Maduro a annoncé la rupture des relations diplomatiq­ues avec « le gouverneme­nt fasciste de Colombie » et prévenu : « Je ne m’inclinerai jamais, je n’abandonner­ai jamais. »

L’ONU appelle au calme

À part les États-Unis, le ton était toutefois moins martial chez les pays occidentau­x. L’Union européenne s’est dite prête hier à accroître son aide humanitair­e, tout en condamnant la violence et le recours à des groupes armés irrégulier­s par le régime pour empêcher l’entrée de l’aide. Le Canada, membre du Groupe de Lima, a réclamé « l’accès sûr et sans restrictio­n » de l’aide au Venezuela, se disant « profondéme­nt préoccupé » par les violences visant à l’entraver. Enfin, « choqué » par le bilan des violences, et face aux risques d'escalade, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé hier « tous les acteurs à réduire les tensions et tout faire pour éviter l'aggravatio­n » de la situation. Il a insisté sur la nécessité « d'éviter la violence à tout prix » et de bannir le recours « à la force létale quelles que soient les circonstan­ces ». Dans le même temps, « plus d'une centaine » de membres des forces de l'ordre vénézuélie­nnes, selon la Colombie, ont abandonné leur poste et rejoint ce pays à la faveur de la confusion samedi, mais aucun mouvement décisif n'a été enregistré. Le Venezuela compte 365 315 membres des forces de sécurité, et 1,6 million de miliciens civils.

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(Photo AFP) Sur les ponts reliant Colombie et Venezuela, les affronteme­nts de samedi entre opposants et forces de l’ordre ont fait au moins deux morts et près de  blessés.

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