Var-Matin (Grand Toulon)

Quand Macron séduit les agriculteu­rs

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Un bain de foule de quatorze heures : pour tous les Présidents de la République, la visite au Salon de l’agricultur­e est un passage obligé. Emmanuel Macron a réussi, au cours d’un long marathon, samedi dernier, à s’y faire une place de choix : pas le moindre remous, des applaudiss­ements au contraire après son premier discours-message aux agriculteu­rs. Le Président s’est prêté à des selfies en pagaille, il a cajolé longuement les animaux, il a rendu hommage à la mascotte-égérie du salon, la vache baptisée Imminence, sans oublier d’entendre longuement les doléances

des agriculteu­rs. Samedi, Emmanuel Macron était loin des « gilets jaunes ». Sa visite porte de Versailles n’était pas jouée d’avance. Car, on le sait, les agriculteu­rs ne sont pas les mieux lotis : les subvention­s se font attendre, la concurrenc­e internatio­nale sévit, les trésorerie­s plongent. Si le Président a reçu chez les agriculteu­rs un accueil favorable, ce n’est pas seulement parce qu’il a passé des heures avec eux. C’est d’abord grâce à la loi que le Parlement a votée à la fin de l’année dernière, à l’issue des Assises de l’alimentati­on, pour rétablir l’équilibre des relations commercial­es dans le secteur agricole. Une façon de ne pas laisser étrangler la profession par la grande distributi­on. Mais aussi parce que, attendu sur ce point avec une extrême inquiétude, le président de la République a assuré vouloir « réinventer » la Politique agricole européenne, au moment où les négociatio­ns commencent à Bruxelles pour élaborer la future PAC. Elles s’annoncent difficiles avec Angela Merkel.

Celle-ci, considéran­t qu’elle paie cher pour les autres, veut revoir à la baisse le système des aides européenne­s, dont les neuf milliards d’euros distribués par l’Europe à la France. Ce dont ne veulent ni le Président, qui a affiché son volontaris­me en la matière, ni évidemment les agriculteu­rs français. Reste à savoir si Macron sera en mesure d’imposer son point de vue à la Commission européenne. S’il ne le peut pas, sa visite au Salon de l’agricultur­e en  ne sera sûrement pas une promenade de santé.

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