Quand Macron séduit les agriculteurs
Un bain de foule de quatorze heures : pour tous les Présidents de la République, la visite au Salon de l’agriculture est un passage obligé. Emmanuel Macron a réussi, au cours d’un long marathon, samedi dernier, à s’y faire une place de choix : pas le moindre remous, des applaudissements au contraire après son premier discours-message aux agriculteurs. Le Président s’est prêté à des selfies en pagaille, il a cajolé longuement les animaux, il a rendu hommage à la mascotte-égérie du salon, la vache baptisée Imminence, sans oublier d’entendre longuement les doléances
des agriculteurs. Samedi, Emmanuel Macron était loin des « gilets jaunes ». Sa visite porte de Versailles n’était pas jouée d’avance. Car, on le sait, les agriculteurs ne sont pas les mieux lotis : les subventions se font attendre, la concurrence internationale sévit, les trésoreries plongent. Si le Président a reçu chez les agriculteurs un accueil favorable, ce n’est pas seulement parce qu’il a passé des heures avec eux. C’est d’abord grâce à la loi que le Parlement a votée à la fin de l’année dernière, à l’issue des Assises de l’alimentation, pour rétablir l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole. Une façon de ne pas laisser étrangler la profession par la grande distribution. Mais aussi parce que, attendu sur ce point avec une extrême inquiétude, le président de la République a assuré vouloir « réinventer » la Politique agricole européenne, au moment où les négociations commencent à Bruxelles pour élaborer la future PAC. Elles s’annoncent difficiles avec Angela Merkel.
Celle-ci, considérant qu’elle paie cher pour les autres, veut revoir à la baisse le système des aides européennes, dont les neuf milliards d’euros distribués par l’Europe à la France. Ce dont ne veulent ni le Président, qui a affiché son volontarisme en la matière, ni évidemment les agriculteurs français. Reste à savoir si Macron sera en mesure d’imposer son point de vue à la Commission européenne. S’il ne le peut pas, sa visite au Salon de l’agriculture en ne sera sûrement pas une promenade de santé.