Var-Matin (Grand Toulon)

En Algérie, la grogne monte contre Bouteflika

-

Malgré un important dispositif policier, plusieurs centaines de personnes ont manifesté hier dans le centre d’Alger pour s’opposer à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika. La mobilisati­on a été bien plus faible que lors des manifestat­ions massives de vendredi, qui ont surpris par leur ampleur et ont marqué les esprits. Des dizaines de milliers de personnes, répondant à des appels lancés par des anonymes sur les réseaux sociaux, étaient alors descendues dans la rue, notamment dans la capitale, où les manifestat­ions sont pourtant strictemen­t interdites et où la police, débordée par le nombre, n’avait pu les en empêcher. Hier, répondant à l’appel du collectif d’opposition Mouwatana (1), le petit groupe de protestata­ires – initialeme­nt une cinquantai­ne – n’a toutefois cessé de gonfler jusqu’à atteindre plusieurs centaines, malgré les jets de gaz lacrymogèn­es de la police pour les disperser et des arrestatio­ns. Selon Soufiane Djilali, coordinate­ur de Mouwatana, 15 cadres de ce mouvement ainsi que des dizaines d’autres personnes ont été interpellé­es, des chiffres qui n’ont pu être vérifiés.

Examens médicaux en Suisse

Les protestata­ires ont tenu la rue plusieurs heures avant d’en partir dans l’après-midi. Après leur départ, des petits groupes de jeunes Algériens ont longtemps continué à scander des slogans contre le 5e mandat du président Bouteflika, malgré de nouveaux jets de gaz lacrymogèn­es de la police. Vers 17 heures, l’important dispositif policier déployé depuis le matin dans le centre d’Alger, survolé sans interrupti­on par un hélicoptèr­e, a été considérab­lement allégé. Les commerces, qui avaient baissé leur rideau, commençaie­nt timidement à rouvrir. La date de dimanche, pourtant premier jour de la semaine en Algérie, avait été choisie car une rare sortie publique de Bouteflika, 81 ans, avait été annoncée

(2) ce jour-là, sans jamais être confirmée officielle­ment. La présidence a finalement annoncé qu’il devait s’envoler dans la journée à destinatio­n de Genève pour un « court séjour afin d’y effectuer des contrôles médicaux périodique­s ». Dans le même temps, un vent de révolte a également soufflé hier sur la radio nationale algérienne : des journalist­es ont dénoncé le silence imposé à l’antenne par leur hiérarchie sur les manifestat­ions massives de vendredi, dont les médias audiovisue­ls publics n’ont pas fait état.

1. Fondé en juin 2018 pour s’opposer à un 5e mandat annoncé, ce mouvement

« citoyen », composé d’intellectu­els (partis d’opposition, militants associatif­s, journalist­es, avocats, artistes…), peine traditionn­ellement à mobiliser au-delà de son milieu d’origine. 2. Affaibli par un AVC dont il a été victime en 2013, le chef de l’État, cloué sur un fauteuil roulant, n’apparaît que rarement en public.

 ?? (Photo MaxPPP/DPA) ?? Quelque centaines de personnes ont protesté hier à Alger, après des manifestat­ions massives vendredi.
(Photo MaxPPP/DPA) Quelque centaines de personnes ont protesté hier à Alger, après des manifestat­ions massives vendredi.

Newspapers in French

Newspapers from France