Var-Matin (Grand Toulon)

De la prison pour avoir volé le sac d’un SDF endormi

- F. D.

C’est une affaire triste, dérisoire, pathétique et pourtant bien réelle qui a été abordée au tribunal correction­nel de Toulon, hier : celle d’un sans domicile fixe proche de la gare de Toulon qui a été dépouillé dans son sommeil dans la nuit du 22 au 23 février dernier. Deux hommes comparaiss­aient à la barre pour répondre de « vol en réunion » .Ils ont été condamnés à quatre mois de prison avec sursis pour l’un et deux mois d’emprisonne­ment ferme pour l’autre avec placement sous mandat de dépôt et interdicti­on de territoire. « Pendant que ce SDF dormait, vous avez volé son sac qui contenait ses seuls effets personnels, c’est ça ? », ainterrogé la présidente, Patricia Krummenack­er. « Oui. On avait bu, on est parti avec son sac, le tenant, chacun, par une hanse », a reconnu l’un des prévenus.

Sac rendu

Les policiers du commissari­at de Toulon ont croisé leur route et les ont contrôlés. Ne disposant d’aucune pièce d’identité, les deux ont avancé des noms fantaisist­es... et pour cause : l’un d’eux était en situation irrégulièr­e. Placés en garde à vue, ils ont été déférés au parquet de Toulon et écroués. Le sac volé, lui, a été remis à son légitime propriétai­re qui n’avait rien d’autre dans sa vie. Et, ironie du sort : les policiers ont dû le réveiller pour lui remettre son sac car ce SDF n’avait rien suivi ! « En vrai, on avait trop bu. Sinon, on n’aurait jamais pris ce sac. Il n’y avait rien à l’intérieur de toute façon...», s’est défendu le second mis en cause. Interrogés sur leur situation personnell­e, les deux jeunes hommes ont assuré pour l’un « vivre à La Valette » et l’autre, « avoir passé trois mois en Italie ». Les deux l’ont assuré à la barre : « Maintenant, on va partir. C’est la dernière fois que vous nous voyez », ont-ils assuré à la présidente. « Vous bénéficiez d’un visa de tourisme. C’est du tourisme qui dure...», leur a-t-elle répondu. Au banc du ministère public, la magistrate a requis 4 mois de prison avec sursis pour l’un et 5 mois avec maintien en détention pour l’autre, tout en indiquant qu’ils avaient tout de même un casier judiciaire vierge.

« Affaire stupide »

En défense, Me Élodie Gozzo et Me Julien Marlinge ont plaidé finement pour leurs clients : « Signalons qu’il s’agissait d’un vol sans violence et que leur état de conscience était altéré au moment des faits. Le sac a été restitué à la victime et l’intégralit­é de ses affaires s’y trouvait. C’est une affaire stupide qui ne se serait pas produite s’ils n’avaient pas été alcoolisés. Finalement, l’infraction a été réparée d’elle-même puisque le SDF a retrouvé son sac », ont-ils tenté en demandant l’indulgence de la juridictio­n. Le tribunal, lui, a voulu punir sèchement leur comporteme­nt... surtout vis-à-vis d’une victime aussi facile : sans toit et sans défense.

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