LA RÉGION VEUT SAUVER LE MIEL ET LE ROSÉ
Elles sont menacées par les pesticides. Il est victime du changement climatique. La Région a saisi la tribune du Salon de l'agriculture pour annoncer des financements dans la recherche afin de préserver l'un et l'autre
La Région Sud veut se battre pour protéger les abeilles menacées par les pesticides et préserver la vigne en danger en raison de la sécheresse.
Urbanisation galopante, raréfaction des terres arables, prix élevé du foncier, utilisation d’herbicides et de pesticides destructeurs de la biodiversité, changement climatique avec manque d’eau et températures de plus en plus élevées... où va le monde agricole en Provence-Alpes-Côte d’Azur ? C’est sans doute la question que se posent beaucoup de Varois ou d’Azuréens qui aimeraient se lancer dans l’agriculture mais y réfléchissent à deux fois. La Région est la première en France pour la surface cultivée en bio. Elle est aussi le premier producteur mondial de vin rosé. Deux univers qui ne cohabitent pas forcément pour le meilleur des mondes. Beaucoup de vignerons reconnaissent qu’ils utilisent du glyphosate et autres produits phytosanitaires. Des pratiques catastrophiques pour les abeilles. Et dans le même temps, le vignoble souffre du changement climatique. Hier, lors de sa visite au Salon de l’agriculture à Paris, Renaud Muselier, président de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur a tenté de mettre tout le monde d’accord en soutenant la recherche, qui préservera les activités et la biodiversité. Quatre cent mille euros seront débloqués en 2019 pour l’apiculture dans le cadre du plan abeille « Bzzz ». Ils financeront l’installation de nouvelles ruches et de mielleries mais aussi la recherche et le développement afin de lutter contre la mortalité croissante des abeilles, due en particulier aux maladies. Mortalité qui menace la survie de l’humanité parce que la production de nourriture dépend en grande partie des insectes pollinisateurs.
Le vignoble a soif
La recherche va également bénéficier d’une aide de 400 000 euros, pour la construction d’un nouveau Centre du rosé à Vidauban, celui existant n’étant plus adapté aux enjeux pressants qui pèsent sur les vignobles. Renaud Muselier a signé, hier, sur le stand de la Région, son engagement, ainsi que le président de la chambre régionale d’agriculture Claude Rossignol, mais aussi le président du Centre, Bernard Angelras, et la présidente exécutive, Fabienne Joly, dont la liste de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) a remporté les récentes élections à la chambre d’agriculture du Var. Six cent mille euros supplémentaires devraient suivre de la part de la Région, dans les deux ou trois ans à venir, en fonction de l’avancement des travaux de construction du Centre du rosé.
Des cépages « antisécheresse »
Une de ses missions principales est de trouver des solutions alternatives face au changement climatique, et de les expérimenter. Par exemple : créer des cépages plus résistants à la sécheresse. Sécheresse qui va générer de plus en plus de conflits d’usage, à moins de devoir choisir à un moment entre l’irrigation des vignes, sachant qu’elles représentent un pan essentiel de l’économie, ou l’eau du robinet pour s’hydrater sans restriction. La société du Canal de Provence va elle-même consacrer 580 millions d’euros – dont 280 rien que le Var – dans les vingt prochaines années à l’irrigation de 80 000 hectares. « Il faut modifier l’avenir pour s’adapter » a déclaré Renaud Muselier, annonçant en quelque sorte une course contre la montre. «Ilnefaut pas geler les territoires mais il faut protéger les zones agricoles,
créer des filières de
qualité et les structurer », a-til ajouté. Rendez-vous au prochain Salon de l’agriculture pour mesurer les premiers résultats de ces ambitions agricoles et leur compatibilité avec d’autres activités comme le développement touristique.