La parole aux experts aéronautiques
Les expertises aéronautiques ont montré que les trois vols suspects s’étaient déroulés dans des conditions normales, à quelques réserves près, notamment s’agissant du nombre de valises
La cour d’assises spéciale d’Aix-en-Provence a consacré sa journée d’hier aux expertises aéronautiques. Trois experts ont épluché l’organisation et le déroulement des trois vols suspects : du 5 au 9 décembre 2012, à destination de Puerto Plata en République dominicaine, du 28 février au 4 mars 2013, à destination de Quito en Equateur, et du 17 au 20 mars 2013, à destination de Punta Cana.
Vols conformes globalement
Ils ont conclu que les procédures de ces vols avaient été conformes aux plans de vols déposés au préalable. Avec toutefois quelques nuances. Ainsi le vol vers Quito avait été fait au prix d’un important dépassement du temps de vol maximum sans repos imposé aux pilotes. Un dépassement de deux heures trente, prohibé parce qu’au delà des dérogations qui peuvent être accordées. Bruno Odos l’a reconnu et l’a justifié par les conditions compliquées d’un atterrissage à Quito, du fait de l’altitude et du relief. « Ona continué parce qu’on n’était pas fatigués, parce qu’il faisait jour et qu’on verrait le relief à l’arrivée, et parce que la météo du lendemain était pourrie .»
Un pilote de trop
Les experts en aéronautique ont également pointé du doigt le fait que les deux pilotes n’avaient pas surveillé le chargement des bagages en soute lors du premier vol, au retour de Puerto Plata. Mais la plus grosse irrégularité qu’ils ont constatée était la présence d’un troisième membre d’équipage, lors de l’arrestation sur l’aéroport de Punta Cana. En l’occurence Alain Castany. « La présence d’un pilote supplémentaire n’était pas nécessaire pour ce type de vol, a indiqé l’expert. De plus M. Castany n’avait plus de diplôme de pilote valide. Enfin il n’avait pas la qualification sur ce type d’avion. » « Il s’est toujours prétendu troisième pilote, mais il ne l’a jamais été, a réagi Pascal Fauret. Pour moi, il était présent à bord comme représentant commercial. Je l’ai enregistré comme observateur. »
Beaucoup de valises pour un seul passager
Les experts ont également tiqué sur la présence des vingt-six valises dans l’avion au départ de Punta Cana. « Leur nombre et leur poids important auraient dû alerter les pilotes, a noté l’un d’eux. D’autant qu’à l’aller Nicolas Pisapia n’en avait que deux .» « Ce chargement était hors norme, vu le nombre de valises dont disposait le passager », a confirmé un autre. Il a souligné que sur ces vols d’affaires, le passager pouvait emporter ce qu’il voulait. De leur côté, les pilotes ont toujours soutenu que le contrôle des bagages n’entrait pas dans leurs attributions, mais dans celles des autorités aéroportuaires. « Je ne dirais pas qu’ils auraient dû avoir une réaction, a conclu le dernier expert sur l’attitude des pilotes, mais qu’ils auraient pu. » La cour évoquera aujourd’hui le fonctionnement de la SNTHS (société nouvelle trans hélicoptères services), organisatrice des vols, dirigée par deux des accusés, Pierre-Marc Dreyfus et Fabrice Alcaud.