« La nage dès la maternelle »
On se cale un peu sur les événements organisés par la fédération française de football et principalement avec toutes les femmes, anciennes joueuses, qui se sont beaucoup investies pour le foot et aimeraient faire rayonner cet événement sur tous les sports féminins en France. Je viens avec cette volonté que les femmes prennent plus de responsabilités dans le mouvement associatif, qu’elles apportent une vision différente du sport pour la France, un sport plus à l’écoute du besoin des personnes. Dans ma vie précédente, j’ai monté deux associations, dont la première était exclusivement féminine, avec des mamans,qui reprenaient le sport après l’accouchement (la e pour apprendre à nager aux très jeunes enfants et limiter les risques de noyade). Cela me parle beaucoup, je suis très sensible à cela. Jean-Michel Blanquer (le ministre de l’éducation) est le ministre que je suis allée voir en premier après ma prise de fonction. J’ai trouvé une oreille attentive et notamment lorsque nous avons pu évoquer l’école obligatoire à partir de ans. C’est une belle opportunité pour le sport d’investir le champ scolaire. L’idée serait de mettre en place des collaborations sur tout le territoire, pour que plus d’associations puissent rentrer dans le périmètre scolaire et proposer une activité sportive accompagnée par des instituteurs. Dès la maternelle, la priorité serait donnée à l’aisance aquatique et à la lutte contre les noyades. C’est mon cheval de bataille : pouvoir traverser un bassin en profondeur, pour un enfant qui n’a pas pied, c’est essentiel. Pas besoin qu’il nage le crawl ou le dos, mais juste qu’il soit capable d’aller sous l’eau, de reprendre son air et de pouvoir traverser le bassin.
N’est-ce pas difficile d’être ministre aujourd’hui, dans le climat social et la défiance générale envers les politiques ? Au sport, nous sommes déjà dans la concertation. On a commencé à créer l’agence du sport il y a mois, afin de renforcer l’attention portée aux besoins du sports dans les territoires. C’est ce que l’on vient faire à Nice, ainsi on se cale aussi sur le grand débat voulu par le président de la République. En , vous n’aviez pas été choisie à la DTN de la natation française. Aujourd’hui vous êtes ministre des sports, est-ce une belle revanche de sportive ? J’ai arrêté d’être sportive depuis un certain temps ! Quand j’ai postulé au poste de DTN, c’était vraiment pour amener une autre dimension à la Fédération française de natation. Sécuriser l’enfant dans l’élément aquatique, envisager l’eau comme un moyen de mettre les générations plus âgées à la pratique sportive. Quand on a un certain âge, un certain poids, on ne peut pas aller tout de suite faire un footing dans les bois ou aller pédaler.
« Porte fermée »
Démarrer par un sport doux comme la natation, c’est une option que je portais dans mes associations, une dimension qu’une fédération pouvait proposer dans sa mission de service public. J’avais l’appui du ministère à ce moment-là, mais c’était au président de la FFN de statuer pour le poste de DTN. Francis Luyce n’avait pas les mêmes priorités que moi. Il ne m’a pas fait confiance sur la partie du haut niveau et la préparation olympique. Un domaine dans lequel je me sentais pourtant tout à fait capable.
Ce fut une déception ? Une grande déception... Parce que je pensais porter un message nouveau, en phase avec l’actualité et les enjeux. Le fait aussi qu’il n’y ait pas de DTN femme, je pensais que cela allait aussi peser dans la balance, de la part de ce président qui se prévalait d’encourager la mixité. Seulement voilà, ici comme partout, au moment où il faut faire accéder des femmes à des postes à responsabilités, la porte se ferme souvent.
Cela n’a pas été le cas pour le Ministère ! Oui, d’autant plus que mon profil correspondait aux critères. Mon passé de championne, mon implication sur le terrain , mon message pour les familles et le sport pour tous font que je suis tout à fait à même d’appréhender les enjeux du sport de haut niveau et le développement de la pratique sportive. C’est quelque chose de concret, je suis très heureuse que cela ait pu parler au premier ministre et au président de la république. Tant pis si ça n’a pas parlé à Francis Luyce.