Comment ça se passe dans l’aviation d’affaires

La cour évoquera lundi une série de vols, effectués par la SNTHS et ses pilotes vers le nord de la Belgique. Notamment à travers le témoignage d’une pilote, qui a reproché à Pierre-Marc Dreyfus d’avoir fait peu des cas des remarques qu’elle lui avait faites sur les bagages du passager. Mais sur ces mêmes vols, dans le courant de l’année 2012, un ex-pilote de la compagnie a témoigné dès hier.

Porteurs de valises

Il avait participé, comme copilote, à un voyage entre Le Bourget (région parisienne) et et l’aérodrome de Sint-Truiden. Ce n’était pas tant les conditions d’atterrissage sur cette piste peu équipée qui l’avaient interpellé, que le nombre de valises de l’unique passager, et surtout leur poids. Les quatre grosses valises rigides grises étaient déjà à bord de l’avion quand les pilotes ont pris les commandes. À l’arrivée, deux hommes étaient venus dans deux voitures et avaient déchargé ces valises si lourdes qu’il fallait se mettre à deux pour en porter une.

Client roi

« J’ai eu un doute, a-t-il indiqué à la cour. Pas par rapport à la sécurité, mais un pressentiment. Rien de concret, mais il y avait un truc pas normal. » « Vous ne saviez pas ce que vous transportiez et ça vous gênait un peu ? », a questionné l’avocat général. « Oui, on peut dire ça comme ça. Mais mon commandant de bord a levé le doute en me disant qu’on était dans un aéroport international et qu’il n’y avait pas de raison de ne pas faire le vol. » Me Dupond-Moretti a indiqué au pilote que les doutes qu’il avait exprimés concernaient une affaire dont cette cour n’était pas saisie. Et quand bien même, « le pilote est un chauffeur de luxe et le client est roi ? » « Oui, tout à fait, a répondu le pilote. C’est comme ça que ça se passe dans l’aviation d’affaires. »