Var-Matin (Grand Toulon)

Qui sera à Cannes cette année, qui n’y sera pas ? Au petit jeu des pronostics, on est presque sûr de perdre. Autant établir sa propre sélection...

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Sauf à torturer Thierry Frémaux au chalumeau oxhydrique, on ne saura rien de sa sélection avant la fameuse conférence de presse parisienne du Festival début avril. Même en mettant cette menace à exécution, on n’aurait, de toute façon, qu’une partie de l’affiche à moins de cent jours du lever de rideau. Ces dernières années, les films arrivent de plus en plus tard devant le comité de sélection. Avec le numérique, certains qu’on espérait finis à temps ne le sont pas (car des effets spéciaux sont à refaire, par exemple) et d’autres qui paraissaie­nt impossible­s à boucler dans les délais le sont la veille de l’ouverture ou le lendemain. Les décisions se prennent donc de plus en plus tard, certaines même après l’annonce de la sélection, voire le début du Festival ! Bref, autant jouer soi-même les sélectionn­eurs. Ce que nous avons fait en essayant de se poser les bonnes questions…

. Quel film en ouverture ?

Le choix est primordial, car il donne souvent la températur­e de la quinzaine. Un mauvais film (Da Vinci Code, au hasard) et la critique va sortir d’emblée les couteaux, ce qui n’est

jamais de bon augure pour le reste de la sélection. Par chance, cette année, plusieurs candidats pourraient faire le bonheur général. Douleur et Gloire, le nouveau Almódovar pourrait ainsi être dispensé de compétitio­n (et d’une nouvelle humiliatio­n au palmarès). La Vérité de Hirokazu Kore-eda, avec Catherine Deneuve et Juliette Binoche, serait aussi un excellent choix, s’agissant du premier film français du vainqueur de la Palme d’or . Sinon, pourquoi pas un biopic musical qui mettrait tout le monde en joie ? Il y en a justement deux qui font très, mais alors très envie : celui des Beatles par Danny Boyle

(Yesterday) et celui d’Elton John, Rocketman, qui sort justement le  mai. Elton ou Mc Cartney (en duo avec Ringo), chantant sur les marches le jour de l’ouverture, ça vous dirait ?

. Quels abonnés ne pas inviter ?

Pedro Almódovar, les frères Dardenne, Ken Loach, Xavier Dolan, Marco Bellocchio, Quentin Tarantino, Martin Scorsese, James Gray, Jim Jarmusch, Abdellatif Kechiche, Terrence Malick, Woody Allen, Steven Soderbergh, Noah Baumbach, Elia Suleiman,

Ulrich Seidl, Roy Andersson et Corneliu Porumboiu, entre autres, ont des films prêts pour Cannes. Comment ne pas tous les inviter ? Pour Scorsese et Soderbergh, l’alibi est tout trouvé : ce sont des production­s Netflix et sans sortie en salle, pas de sélection possible. Woody Allen est en procès avec Amazon et en délicatess­e avec Hollywood. Pour les autres, en revanche, la voie est libre.

. Quels films français ?

Comme d’habitude, le choix est pléthoriqu­e. Pourquoi ne pas privilégie­r les réalisatri­ces, histoire de faire mentir la réputation machiste du festival ? Céline Sciamma (Portrait de la jeune fille

en feu), Rebecca Zlotowski (Une Fille facile), Alice Winocour (Proxima )et Justine Triet (Sibyl) sont prêtes à en découdre. Il faudra peut-être s’excuser auprès d’Abdellatif Kechiche (Mektoub ), Arnaud Desplechin

(Roubaix, une lumière), Emmanuel Carrère (Le Quai de Ouistreham), Guillaume Nicloux (C’est extra), Cédric Kahn (Joyeux anniversai­re) et Robert Guédiguian (Gloria Mundi )qui

fourbissen­t, eux aussi, les armes.

. Quels tapis rouges ?

La cinéphilie c’est très bien, mais il s’agirait tout de même d’assurer au niveau glamour. Le plus grand festival de cinéma du monde ne saurait garder son rang sans des montées de marches événementi­elles. La recette est simple : des stars, des stars et encore des stars. Dans la fournée des films prêts pour Cannes, il s’agira d’extraire ceux dont les castings sont le plus avantageux. Il sera difficile de faire mieux, cette année en la matière que Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino avec son affiche de rêve : Al Pacino, Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Kurt Russell, Michael Madsen, Tim Roth, Margot Robbie, Dakota Fanning…

. Et Isabelle Huppert dans tout ça ?

Cannes ne serait pas Cannes sans un ou plusieurs films d’Isabelle Huppert. On en a deux dans nos radars (Frankie d’Ira Sachs et

Siberia d’Abel Ferrara) et il y en a certaineme­nt d’autres planqués en Asie ou quelque part ailleurs dans l’univers. Pas de souci à se faire, donc : le festival aura bien lieu (du  au  mai).

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