Sur la ligne de crête
Parler, c’est bien. Ecouter, aussi. Agir, c’est mieux. La méga-parade du Grand Débat approche de son théâtre de vérité. Emmanuel Macron a, jusqu’ici, fait le plus facile : ouvrir les vannes de la parole. Et le show, pour sa part. Cela a suffi à retisser les liens de marcheurs enamourés, qui n’ont de cesse de louer un Président brillantissime, qui a une fois de plus bousculé les codes – bien malgré lui – pour impulser un exercice de démocratie inédit. Il reste à convaincre tous les autres que ce foisonnement aura effectivement servi à quelque chose. Le chef de l’Etat est condamné à ne pas décevoir, et ce ne sera pas simple. Il est, en effet, confronté à une quadruple équation. Il lui faut d’abord, évidemment, apporter des réponses aux attentes des moins privilégiés. Mais elles devront, de surcroît, être parfaitement lisibles et immédiatement sonnantes. Tout trompe-l’oeil se verrait comme le nez au milieu de la figure ! Dans cette conduite sur glace en pneus lisses, Macron devra, en outre, garder un minimum serrés les cordons de la bourse, sous peine de passer pour un drôle d’illusionniste. Enfin, il ne pourra se déculotter plus que de raison, pour ne pas perdre la face. Alors, que peut-il proposer, qui réponde aux attentes multiples sans les décevoir ? Des mesures à bon marché, pour débuter : l’introduction d’une dose de proportionnelle, déjà prévue ; un référendum d’initiative disons cadré, à mi-chemin entre le référendum d’initiative partagée existant et le RIC tant réclamé par les jaunards ; le basculement de la limitation à km/h à l’appréciation des départements. Rien de trop coûteux. Ensuite, il faudra débloquer des gros sous. Pêle-mêle, pour supprimer la TVA sur une vingtaine de produits de première nécessité ; réindexer les retraites sur l’inflation ; gratifier les smicards d’un nouveau coup de pouce… Le plus dur sera encore sur la planche : revoir notre système fiscal pour donner, aussi, du grain à moudre aux classes moyennes, sans rétablir pour autant l’ISF, puisque Macron en a fait un casus belli. Et, enfin, trouver une mesure écologique significative, sans reprendre d’une main ce qui aura été offert de l’autre. Si Emmanuel Macron réussit à charpenter tout cela sans vider les caisses, il pourra prétendre au Nobel d’économie. A moins qu’on crée pour lui celui de magie !
« Que peut proposer Macron pour répondre aux attentes multiples, sans les décevoir ? »