Les Gilets jaunes gardent leur « Paris » P16
Les répliques d’une Tour Eiffel et d’un Arc de Triomphe construits sur un terrain appartenant à Vinci près du péage étaient menacées. La mobilisation d’hier a permis de les laisser en place
Les Gilets jaunes peuvent rester jusqu’au 31 mars sur le terrain qu’ils occupent à la sortie de l’autoroute A8, au Cannet-des-Maures. Pourtant hier matin, ils redoutaient d’être délogés de ce rondpoint de la Paix, comme ils l’ont baptisé. Leur mobilisation et le démontage des barrières du péage ont semble-t-il porté leurs fruits. Depuis qu’ils ont construit un Arc de Triomphe, «en hommage à nos morts » rappelle Eric, et une Tour Eiffel achevée le 24 février pour marquer leurs « 100 jours de lutte », leur présence devenait indésirable sur cette parcelle appartenant à Vinci, le concessionnaire autoroutier. Un huissier est même venu l’autre jour constater leur présence. « On nous a demandé de partir, mais on reste, même la nuit, pour pas qu’on nous déloge » commente Reynald. « On n’est pas là pour casser. Depuis le premier jour, on n’a rien tagué, rien brûlé ». Nicolas, un Lorguais, distribue des tracts demandant le référendum d’initiative citoyenne. « J’étais au fait des questions de démocratie citoyenne. Je suis ravi qu’on puisse enfin parler du RIC », explique ce vendeur sur les marchés, qui dit avoir connu la précarité. « Sur ce terrain, on fait des ateliers constituants trois fois par semaine et on a organisé deux débats déclarés sur la plateforme », ajoute Moez. Dédé est venu de Puget-surArgens : « Je n’ai plus rien à gagner, mais j’ai dû faire un emprunt pour payer mes impôts. Je me bagarre pour mes enfants, mes petits-enfants, je suis solidaire du peuple. Je n’ai pas voté pour un président banquier ». Ce n’est pas le cas de Djillali, chauffeur routier, bientôt à la retraite : « Macron est arrogant. Et il a menti, il n’a jamais dit qu’il ponctionnerait les retraites, qu’il enlèverait 5 euros d’APL. Il a trahi Hollande. Il avait dit n’être ni de droite ni de gauche mais il fait une politique de droite. Comme un c... j’ai voté pour lui et je me suis fait avoir. » Après la levée des barrières du péage laissant le passage gratuit, le responsable local de Vinci a fait savoir que l’entreprise acceptait que les Gilets jaunes restent jusqu’à la fin du mois. Le fait qu’ils n’ont rien dégradé depuis l’occupation du site a dû peser dans la balance…
Sur ce terrain, on organise des ateliers constituants ”