Ce qu’il faut déjà retenir du procès
La cour d’assises spéciale d’Aixen-Provence continue à s’interroger sur le but des vols effectués par une petite compagnie lyonnaise entre la République Dominicaine et le golfe de St-Tropez
Au terme de la deuxième semaine (sur sept) du procès Air cocaïne, la cour d’assises spéciale d’Aix-en-Provence n’en a pas encore fini avec ses questions sur le fonctionnement de la Société nouvelle trans hélicoptères service (SNTHS) installée dans la région lyonnaise à Bron. Elle y consacrera encore deux journées de débats, lundi et mardi.
Vols à euros
Au cours de la semaine écoulée, on a beaucoup parlé du paiement des trois vols suspects effectués par la SNTHS : du 5 au 9 décembre 2012, à destination de l’aéroport de Puerto Plata en République dominicaine, du 28 février au 4 mars 2013, à destination de Quito en Équateur, et du 17 au 20 mars 2013 vers l’aéroport international de Punta Cana. S’il faut en croire le Toulonnais Frank Colin, qui apparaît comme le client de la SNTHS, via l’apporteur d’affaires Alain Castany (dont le cas a été disjoint pour raison de santé), ces vols auraient été payés d’avance, sur la base de 230000€ l’un à Alain Castany. Ils auraient été payés par un certain “Rayan”, relation tropézienne de Frank Colin, qui selon l’accusation ne serait autre qu’Ali Bouchareb.
Où est l’argent ?
Celui-ci, seul accusé à comparaître détenu, s’en est toujours défendu. Au cours de la semaine, il a observé les débats depuis le box, sans mot dire. Il est vrai qu’on ne lui a pas demandé de réagir aux témoignages. Mais de toutes ces sommes, on n’a trouvé aucune trace dans la comptabilité de la SNTHS. À part 89700€ qui auraient été versés, à titre d’avance de trésorerie, par Fabrice Alcaud, associé de Pierre-Marc Dreyfus à la tête de la société de transport aérien, qui ne roulait pas sur l’or. De là à soupçonner des paiements en liquide, il n’y a qu’un pas. Encore faut-il en avoir la preuve, car tout le monde le nie.
Un seul passager lourdement chargé
On a aussi beaucoup parlé de la façon dont ces vols avaient été organisés, à bord d’un Falcon 50 appartenant à Alain Afflelou. Un triréacteur capable d’effectuer des vols transatlantiques de plus de treize heures, pour lesquels les pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos étaient qualifiés. Rien d’étrange dans ces traversées, du moins en ce qui concernait le respect du plan de vol. En revanche, le troisième vol, arraisonné par les autorités dominicaines à Punta Cana, a montré que s’il n’y avait qu’un seul passager, Nicolas Pisapia, l’homme de confiance de Frank Colin, celui-ci se déplaçait avec vingt-six valises. Selon les autorités dominicaines, elles étaient bourrées de 700 kg de cocaïne.
En Belgique aussi
On a encore évoqué quelques autres vols opérés à la même époque par la SNTHS, entre Le Bourget et l’ex-aérodrome militaire de Sint-Truiden, dans le nord de la Belgique. Là aussi, il n’y avait qu’un seul passager et de grosses valises métalliques très lourdes, qu’il fallait se mettre à deux pour porter. Que contenaient-elles ? Les pilotes ne l’ont pas demandé. Ces choses-là ne se font pas vis-à-vis des clients de l’aviation d’affaires. Néanmoins ce sujet sera de nouveau abordé lundi, à travers les témoignages de pilotes, qui se sont émus de ces vols bizarres auprès des patrons de la compagnie.